Je mets l’homme au cœur de l’entreprise. Cela se traduit notamment par des formations régulières pour aider les gens à progresser. Je préfère des salariés libres de partir – car leur employabilité leur permet de trouver du travail ailleurs – mais qui restent parce qu’ils se sentent bien. Chez Poclain, nous appliquons aussi le principe de subsidiarité à tous les niveaux hiérarchiques. Nous avons confiance dans la capacité des collaborateurs à assumer leurs missions.
Il n’y a pas chez nous de leader charismatique qui apporte le bonheur à ses équipes, comme dans les entreprises libérées. Nous faisons confiance à nos salariés, qui sont libres de prendre les initiatives requises par leurs missions sans avoir à en référer. L’attribution des pouvoirs et l’organisation des processus sont conçues en ce sens. Par ailleurs, nous ne faisons pas appel à du reporting détaillé. Il y a d’ailleurs de l’ironie à parler d’entreprise libérée en France. Il faudrait d’abord libérer les dirigeants d’entreprise, noyés dans les contraintes réglementaires et la complexité administrative et soumis aux risques juridiques.
Nous les payons correctement mais pas au-dessus de nos concurrents car nous vendons dans le monde entier, sur des marchés très concurrentiels. Nous devons obéir à une logique économique pour permettre à l’entreprise de perdurer, de se développer et de créer des emplois. Mais Poclain offre aussi d’autres avantages à ses équipes : des restaurants d’entreprise agréables, une mutuelle de bon niveau, un accord d’intéressement pour partager les résultats. Nos 2 200 salariés au niveau mondial peuvent aussi entrer dans le capital de l’entreprise par l’intermédiaire d’un fonds commun de placement dans lequel leurs investissements sont abondés.
Nous allons chercher en République tchèque ou en Inde les capacités productives qui nous permettent de rester compétitifs sur certains marchés. Les petits moteurs fabriqués en Inde sont vendus à un prix inférieur au coût de fabrication en France. Mais nous gardons la production des gros moteurs à Verberie, dans l’Oise. Nous y avons d’ailleurs construit de nouveaux locaux plus fonctionnels pour les services transversaux, ce qui est révélateur de notre volonté de garder de l’emploi en France.
Oui, nous avons d’ailleurs récemment investi 10 millions d’euros dans une fonderie en grande difficulté. Nous avons sauvegardé 150 emplois et le savoir-faire d’un fournisseur indispensable à notre activité. Plus globalement, nous nous portons acquéreurs d’entreprises qui ont des compétences ou des technologies complémentaires. Le crédit d’impôt recherche permet aussi de maintenir une R & D performante en France.
Il est intéressant car il fait confiance aux relations sociales à l’intérieur de l’entreprise. Il ne renvoie aux accords de branche que pour les sujets qui ne peuvent être réglés localement. En France, on donne trop d’importance au dialogue social institutionnel. Les entreprises sont handicapées par des règlements et une législation trop compliqués. Sans parler de la multiplication de taxes qui pèsent sur les résultats ou des 35 heures qui constituent un handicap important dans la compétition mondiale.
Les chefs d’entreprise ont besoin de sécurité juridique. Comment voulez-vous embaucher si vous ne pouvez pas adapter votre effectif lorsque l’activité baisse ? La situation des PME en particulier est fragile. Les marges sont faibles et n’autorisent pas à perdre de l’argent longtemps. Dans le même ordre d’idée, le plafonnement des indemnités prud’homales me paraît aussi une bonne chose.
60 ans.
1985
Directeur des achats de Poclain Hydraulics.
1992
Directeur général.
2002
Président-directeur général.
2015
Président du groupe Poclain.