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Idées

Résister, c’est agir

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.03.2016 | Catherine Barbaroux

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Résister, c’est agir

Crédit photo Catherine Barbaroux

La polémique sur la révision de la Constitution et, en particulier, sur la déchéance de nationalité, marquée par le départ théâtralisé de la garde des Sceaux, a donné lieu à son lot de commentaires grandiloquents, dont le fameux « parfois résister, c’est rester ; parfois résister, c’est partir ».

Résister, c’est agir,

a-t-on envie de répliquer tant l’écart entre l’urgence sociale et ces dissertations sur les valeurs paraissent insupportables, vu du quotidien de millions de citoyens en situation difficile en France, en Europe et sur les routes de l’exil aux portes de l’Europe. Il ne s’agit pas de nier l’importance des principes dans la vie politique, mais ils ne peuvent servir d’alibi ou de camouflage à l’impuissance, l’inaction ou l’inertie. D’autant que ces débats masquent aussi des postures et des calculs politiciens qui ne trompent personne, comme l’illustre, hélas, le récent remaniement ministériel. Et malgré le volontarisme affiché lors des vœux du président de la République aux forces vives le 18 janvier, on voit resurgir de fausses bonnes idées fondées sur une vision hautement contestable des comportements des personnes en difficulté.

La dégressivité

des allocations chômage : elle a été supprimée en 2001, après avoir été appliquée pendant près de dix ans, sans effet probant sur le retour à l’emploi. Rappelons tout d’abord que la moitié des demandeurs d’emploi n’est pas indemnisée, victime si l’on ose dire de la dégressivité maximale, sans qu’on constate de reprise d’emploi plus rapide. En outre, en échange de l’abandon de cette dégressivité, toute l’architecture de Pôle emploi a été repensée autour de l’accompagnement renforcé avec une augmentation considérable de ses effectifs. On voit mal comment s’articulerait ce retour en arrière avec la philosophie de la sécurisation des parcours professionnels portée par la négociation sur le compte personnel d’activité, l’amplification de l’effort de formation ou la prise en compte de la discontinuité des parcours avec les droits rechargeables, authentiques avancées de ces derniers mois.

L’obligation

de bénévolat en contrepartie du RSA : malgré les travaux qui montrent que la proportion des fraudeurs aux minima sociaux est infime (2 %), on voit réapparaître ici ou là, en la circonstance le Haut-Rhin, la tentation de stigmatiser les allocataires. Sous couvert d’intégration sociale, on flatte l’opinion en mettant en réalité en place une mesure de contrôle et d’incitation qui ne permet pas un réel parcours d’insertion. On se laisse aller à des glissements vers des contresens insidieux. Qu’est-ce que le « bénévolat obligatoire » ? N’est-ce pas aussi absurde dans les termes que le « CDI intérimaire » ou « le travail indépendant, dépendant économiquement ». Par peur d’affronter la réalité, on la renomme pour la rendre moins cruelle ou moins absurde. Du coup, on tourne le dos aux pratiques les plus vertueuses ou les plus efficaces qui s’appuient sur la confiance, la solidarité et la coopération des acteurs de terrain. À cet égard, on attend avec curiosité la mise en œuvre du plan 500 000 formations : là encore on observera avec attention si l’articulation entre les régions, l’État et les partenaires sociaux produit l’accélération et le changement d’échelle espérés. Agir, ce serait résister à ces vieux démons de la division et de la concurrence entre institutions.

Auteur

  • Catherine Barbaroux