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La réforme des retraites, ce n'est pas pour demain

Dossier | publié le : 01.12.2000 | Lucile Costes, François Charpentier

La réforme des retraites joue à nouveau l'Arlésienne. À tel point qu'on se croirait revenu… en 1991. Cette année-là, muni d'un diagnostic complet avec le Livre blanc sur les retraites, Michel Rocard, alors Premier ministre, jugeait la piste trop courte pour faire décoller une réforme avant la présidentielle. C'est finalement Édouard Balladur et Simone Veil qui la mettront en œuvre en 1993, mais uniquement pour le secteur privé. Le syndrome Rocard menace-t-il Lionel Jospin ? Force est de constater que le dossier des retraites semble avoir disparu des préoccupations immédiates du gouvernement. Du rapport Charpin, pourtant présenté comme le plus approfondi sur le sujet, le Premier ministre n'a repris que l'idée du fonds de réserve, un instrument aux modalités de fonctionnement encore mal définies, et celle du Conseil d'orientation des retraites, une structure chargée de déminer le terrain. Quant à la principale proposition du commissaire au Plan, à savoir l'allongement de la durée de cotisation, elle pourrait paradoxalement ressurgir dans les régimes complémentaires gérés par les partenaires sociaux.

Il faut dire que tout ce qui pouvait fâcher les syndicats, et plus encore les fonctionnaires, car les retraites du secteur public sont au cœur de la réforme, a été prudemment renvoyé au lendemain de l'élection présidentielle de 2002. Ce qui est vrai pour les régimes de base vaut aussi pour le troisième pilier des retraites, la capitalisation. Pour calmer l'irritation des communistes, le gouvernement a consenti à abroger la loi Thomas de 1997 sur les plans d'épargne retraite. Et Laurent Fabius a renoncé à introduire des fonds de pension par le biais des nouveaux mécanismes d'épargne salariale. Pour autant, les rares décisions prises par le gouvernement Jospin comportent quelques aspects positifs. D'un côté, la mise en place d'un fonds de réserve permet d'accoutumer en douceur les Français à l'idée que la capitalisation peut conforter les régimes par répartition. De l'autre, avec les nouveaux dispositifs, les opérateurs ne désespèrent pas d'orienter une part croissante de l'épargne salariale vers l'épargne retraite. En tout cas, son extension vers les PME, via les plans interentreprises, constitue un formidable appel d'air dont comptent bien profiter les assureurs privés, en s'appuyant d'ailleurs sur les institutions de prévoyance.

Auteur

  • Lucile Costes, François Charpentier