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Idées

Feu sur la Sécurité sociale

Idées | Livres | publié le : 03.02.2016 | J. M.

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Feu sur la Sécurité sociale

Crédit photo J. M.

L’institution préférée des Français génère de l’assistance et pénalise les classes moyennes. Pour l’auteur de ce réquisitoire, le système n’est plus tenable et la Sécu condamnée.

Voilà un essai qui donnera de l’urticaire à de nombreux lecteurs tant sa cible, la Sécu, reste considérée comme une des grandes réussites de l’État providence. Pour Éric Verhaeghe, c’est tout le contraire : il estime que l’institution préférée des Français est une grosse machine technocratique destinée à organiser un vaste transfert des revenus des classes moyennes vers les plus bas échelons de la société, sans porter atteinte au 1 % des revenus les plus élevés. Ce qui lui fait dire que « la technostructure française utilise la Sécurité sociale pour anesthésier les classes populaires et conserver le pouvoir à son profit ».

Selon l’auteur, à travers la création de la Sécu en 1945 s’est instillé ce qu’il qualifie d’« idéologie discrète »: la préférence pour l’assistance. Contrepartie de ce « droit de tirage illimité »? L’obligation faite à chaque Français de se soumettre au système. Vouloir le changer se heurte à un tabou mis en place dès la Libération. Mordant, Éric Verhaeghe, ancien administrateur de la Sécurité sociale, accuse la « noblesse d’État » d’avoir enfermé les Français dans cette logique de solidarité qui appauvrit les classes moyennes tout en se protégeant par des régimes particuliers, qu’aucune réforme n’a réussi à remettre en cause. Il affirme que c’est le coût de notre protection sociale, ajouté à l’effet Smic, qui explique que le salaire moyen en France soit de 25 % environ inférieur à celui allemand. Pour lui, aucun doute que cette situation n’est pas tenable et que « l’histoire a d’ores et déjà programmé la mort de l’État providence ».

L’auteur, qui s’attaque aussi au paritarisme – une imposture à ses yeux –, tente de démontrer que la Sécurité sociale « pénalise » les salariés, qu’elle s’avère trop avantageuse pour la partie vieillissante de la société et qu’elle encourage des comportements « irresponsables ». Avec l’apparition de l’économie du partage, il annonce « la mort de la Sécu par suffocation ». Et avance trois remèdes : la fiscalisation de la protection sociale, la suppression du paritarisme, la création d’un revenu universel. Le ton du livre met mal à l’aise, mais sur le fond, il appelle un débat vigoureux.

Ne t’aide pas et l’État t’aidera, Éric Verhaeghe. Éditions du Rocher. 250 pages, 18,50 euros.

Auteur

  • J. M.