Empruntons au dernier titre de Star Wars la formule des vœux pour 2016 : que la « force » nous offre une rentrée pleine d’énergie (renouvelable !) et de promesses enfin tenues. Depuis 1977, les épisodes de la Guerre des étoiles, à la chronologie hésitante et à l’issue incertaine, accompagnent les générations successives. Hélas, la crise économique aussi. Comme au cinéma, on aimerait avoir le pouvoir de choisir l’ordre et le dénouement des épisodes !
On ne regrettera pas l’année 2015, commencée et finie sous la violence extrême et la souffrance individuelle et collective qu’elle engendre. On ne regrettera pas cette année supplémentaire d’impuissance face à la montée du chômage, qui a fait le lit des extrêmes lors des élections départementales et, surtout, lors des régionales. Et ce n’est pas le sursaut diplomatique de l’accord du 12 décembre sur le climat, fût-il bienvenu, qui change la physionomie de cette sombre année 2015.
Plus encore que les faits en eux-mêmes, c’est le sourd malaise d’insécurité qui envahit notre quotidien qu’il est difficile de dépasser. Nous vivons des moments ambivalents : tantôt de profonde et chaude solidarité, tantôt de doute et d’impuissance. Notre énergie, déjà mobilisée pour comprendre et affronter les changements, est sollicitée à l’extrême pour surmonter aussi ce sentiment de danger insaisissable que suscite le terrorisme. Cette usure n’est pas le moindre de ses dégâts collatéraux.
Et pourtant il faut tenir bon. S’accrocher aux signes positifs, comme cette déclaration de Pierre Gattaz proposant un « plan national d’urgence contre le chômage ». Espérons que certains seront tentés de le prendre au mot. Pour la première fois, il semble redouter, à l’égard de la crédibilité de son organisation, le manque d’allant des patrons à créer de l’emploi ! À tel point qu’on s’interroge même sur la croissance persistante de l’intérim (signe généralement annonciateur de la décrue du chômage) qui, paradoxalement, ne se traduit pas par une reprise des embauches alors que les indicateurs sont au vert depuis plusieurs trimestres consécutifs.
Du coup, le débat que susciteront les conclusions des travaux préparatoires à la loi d’Emmanuel Macron sur les nouvelles opportunités économiques n’en sera que plus utile : où et comment créer de l’emploi ? Le numérique détruit-il ou transforme-t-il les emplois ? Le travail indépendant est-il choisi ou subi ? Peut-on lever certains freins à l’entrepreneuriat individuel ? La sécurisation des trajectoires professionnelles entre salariat et travail indépendant n’est-elle pas plus urgente que d’autres sujets du Code du travail ? La négociation sur le compte personnel d’activité peut devenir fondatrice d’une nouvelle vision de la sécurité d’emploi. Les urgences s’inversent : plutôt que de redéfinir les contrats du passé, peut-être faut-il inventer une protection universelle, garantissant un continuum de droits quel que soit le statut d’emploi. L’observation du fonctionnement du marché du travail conduit à mettre ce sujet à l’agenda plus tôt que prévu, tant les choses évoluent rapidement.
