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Idées

Jean-Denis Combrexelle « Le social, on n’en fait pas par hasard »

Idées | en aparté | publié le : 03.01.2016 | Emmanuelle Souffi

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Jean-Denis Combrexelle « Le social, on n’en fait pas par hasard »

Crédit photo Emmanuelle Souffi

Chaque mois, une personnalité nous confie sa relation au travail en sept mots clés.

Ascenseur social

J’ai redoublé ma cinquième et cela m’a tellement vexé qu’ensuite je me suis arrangé pour être premier ! L’école, c’était une façon de m’en sortir, de m’évader du quartier où j’ai grandi, le Haut-du-Lièvre, près de Nancy. À l’époque, l’éducation était un ascenseur social.

Matinal

J’aime prendre mon temps le matin, déguster mon petit déjeuner avec ma femme et arriver tôt au bureau. Quand j’étais à la Direction générale du travail, les syndicats avaient l’habitude de voir la lumière à mes fenêtres dès 6 h 45.

Absorber

Le meilleur remède à la pression ? Être absorbeur de stress et non pas diffuseur ! Bref, canaliser les angoisses. J’aime aussi courir.

Prévention

Les risques professionnels, le rôle du médecin du travail, de l’Inspection… Ces préoccupations ne sont pas nées dans l’antichambre des cabinets ministériels mais à Tomblaine, en Meurthe-et-Moselle. Ma mère était aide-infirmière dans une entreprise de fabrication de motoculteurs. Les accidents du travail ne sont pas une abstraction pour moi, mais une réalité très concrète. Le social, on n’en fait pas par hasard.

AZF

J’arrivais à la Direction des relations du travail quand l’usine AZF a explosé à Toulouse. Le souvenir de ces gens nous prenant dans leurs bras, hébétés, comme après un bombardement, reste un moment douloureux. Un autre, plus léger, remonte à mes années d’études. J’avais été embauché pour faire de la peinture à 10 mètres de haut, sans protection. Pots et planches sont tombés sur la BMW du patron. Il ne m’a pas licencié ; sans doute parce qu’il savait qu’il était en tort…

Réunionite

Je ne supporte pas la réunionite à la française, ces réunions sans fin, sans tempo, sans ordre du jour. Vous en sortez avec un sentiment d’inachevé et d’inutilité. Rien n’a été résolu, tout reste à faire.

Viaduc

J’ai une vocation ratée : j’aurais adoré être ingénieur et construire des ponts. Dans mon bureau à la DGT, j’avais une photo du viaduc de Millau. Ce sont des ouvrages d’art, mêlant courage, savoir-faire, esthétique. En négociation, trouver des compromis, c’est aussi faire des ponts.

Jean-Denis Combrexelle

62 ans. Président de la section sociale au Conseil d’État.

Durant treize ans, ce partisan du dialogue social a été directeur général du Travail. Son rapport sur la négociation collective inspire le futur projet de loi El Khomri.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi