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En Allemagne, des réfugiés plutôt bienvenus

À la une | publié le : 03.01.2016 | Thomas Schnee

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En Allemagne, des réfugiés plutôt bienvenus

Crédit photo Thomas Schnee

Entreprises, associations et État se mobilisent pour intégrer dans l’emploi le million de récents réfugiés.

Être réfugié n’est pas une profession ! » C’est sous ce slogan qu’Arrivo se démène pour insérer ceux qui ont débarqué du Proche-Orient ou d’Afrique en janvier 2015. Cette association berlinoise est soutenue par le Sénat de Berlin, les chambres d’artisanat, de commerce et d’industrie locales, ainsi que par le réseau Bridge qui regroupe des ONG actives sur le terrain des droits de l’homme. « Intégrer un public aussi hétérogène est un travail complexe et inédit auquel les grandes administrations publiques ne sont pas préparées. Des petites structures comme la nôtre peuvent plus facilement mettre en place des filières spécifiques de formation pour les réfugiés », explique Franziska Hartmann, l’une des coordinatrices du projet. Comme ailleurs, le système fonctionne en silos. Le pays dispose de tous les acteurs nécessaires à l’insertion économique mais ils ne sont pas habitués à travailler ensemble.

Arrivo pilote le « Parcours des ateliers ». Monté en coopération avec différents corps de métier (peintre en bâtiment, plombier, chauffagiste…), ce projet offre des stages en entreprise, saupoudrés de cours d’allemand technique. Il doit permettre aux migrants de montrer leur savoir-faire et de découvrir des métiers. « En 2015, nous en avons orienté plus de 50. Cela ne paraît pas grand-chose mais, derrière, il y a un travail énorme », souligne Franziska Hartmann, qui évoque la prise de contact avec les entreprises, la sélection des migrants ou la recherche d’interprètes.

Besoin de main-d’œuvre.

Depuis fin 2014, la législation a été assouplie. Désormais, un demandeur d’asile peut se former et travailler après trois mois de présence, contre un an auparavant. Plutôt bienvenu dans un État où le faible taux de chômage et la démographie déclinante offrent de nombreux débouchés. « Dans les vingt ans à venir, nous allons avoir besoin de bien plus de main-d’œuvre que ce pays ne peut en proposer », expliquait il y a peu Ingo Kramer, le patron du BDA, le Medef allemand. Celui-ci milite pour l’intégration professionnelle des réfugiés, dont 10 à 15 % seraient diplômés, et évalue à 500 000 les postes vacants.

Mais alors qu’un gros million de réfugiés sont arrivés en 2015 se pose la question de la capacité d’absorption du marché du travail. « En Allemagne, tout se joue au niveau local. Pour qu’un réfugié soit professionnellement intégrable, il faut compter au moins un an », estime Jürgen Wursthorn, porte-parole de l’Agence fédérale pour l’emploi. Cette dernière a lancé le programme « Early Intervention », qui dispense cours de langue et formation professionnelle. Un outil élitiste : les 1 000 premiers retenus étaient tous diplômés, dont 40 % du supérieur.

En parallèle, beaucoup d’entreprises de toutes tailles ont mis sur pied leurs propres plans de formation. BMW offre ainsi 500 places pour work here, un stage de neuf semaines pouvant déboucher sur un véritable apprentissage. Siemens, Volkswagen, BASF, Deutsche Bahn, ou encore SAP ont lancé des initiatives similaires. Pour quels résultats ? Selon les chiffres du Pôle emploi allemand, près de 70 000 réfugiés arrivés depuis octobre 2014 ont trouvé un emploi.

Auteur

  • Thomas Schnee