Que la démocratie sociale soit le moteur du changement, cela ne va plus de soi pour tout le monde dans la France de 2015. De nombreuses voix dénoncent le passage obligé par le dialogue social comme un frein aux réformes indispensables pour débloquer notre économie. Défendant bien sûr l’idée inverse, le petit livre de la Fondation Jean-Jaurès tombe donc bien.

Il s’ouvre par une histoire du concept de démocratie sociale retracée par le journaliste Michel Noblecourt, spécialiste du social au Monde. Il souligne d’abord que pour faire vivre la démocratie sociale il faut des acteurs légitimes ; or la question de la représentativité des syndicats a mis très longtemps à émerger. Les différents jalons sont évoqués, de la circulaire Parodi d’après-guerre, qui avait forgé cinq critères pour déterminer la représentativité d’une confédération, à la position commune d’avril 2008 fixant sept critères cumulatifs, dont l’audience établie à partir des résultats aux élections professionnelles.

Mais Michel Noblecourt doit se résoudre à ce constat : « Tous les acteurs syndicaux ne sont pas prêts à jouer le jeu d’une démocratie sociale que chacun interprète à sa façon. » La modernisation du dialogue social reste encore un combat. Jacky Bontems et Aude de Castet, animateurs d’un réseau de réflexion proche de François Hollande, le R 812, se concentrent, eux, sur la conception de la démocratie sociale mise en avant par le chef de l’État. Et sur la manière dont elle a pu progresser durant sa mandature. Michel Noblecourt reprend toutefois la plume pour pointer les résultats mitigés du « pacte de responsabilité ».

Jacky Bontems et Aude de Castet se livrent enfin à une revue assez convaincante des nouveaux enjeux de négociation dont pourraient s’emparer les partenaires sociaux. Dans sa préface, François Hollande salue dans le travail du trio le fait d’avoir réalisé « une histoire immédiate du dialogue social dans notre pays, en décryptant avec finesse la position des acteurs, les interactions entre les sujets, les liens entre l’économique et le social ». On ne saurait mieux dire.

Jacky Bontems, Aude de Castet et Michel Noblecourt. Fondation Jean-Jaurès/Lignes de repères. 184 pages, 17 euros.