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Idées

De la responsabilité écologique et sociale

Idées | livres | publié le : 03.12.2015 | Jean Mercier

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De la responsabilité écologique et sociale

Crédit photo Jean Mercier

La mondialisation ébranle les équilibres entre États et entreprises. Et l’écologie appelle d’autres régulations.

La fin du xixe siècle avait établi un partage des rôles de la responsabilité entre l’État et le patronat qui a servi de fondement à notre système social. Mais cet équilibre entre un État social, garant d’une protection collective des travailleurs contre les risques de la vie, et les employeurs, chargés de la production des richesses, est ébranlé par la globalisation. C’est en tout cas la thèse d’Alain Supiot, coordinateur avec Mireille Delmas-Marty de Prendre la responsabilité au sérieux. Cette mondialisation affaiblirait les États : ils ont de moins en moins la capacité et les moyens « d’obliger ceux qui détiennent le pouvoir économique de répondre des conséquences de leurs décisions ». Et du côté de la sphère privée, la financiarisation de l’économie a multiplié les risques systémiques. « La crise financière de 2008 a donné une idée des catastrophes sociales que pouvait engendrer un effondrement des marchés déréglementés », rappelle Alain Supiot.

Œuvre collective, le livre conjugue plusieurs types d’approches. Civilisationnelle, avec les études de Danouta Liberski-Bagnoud ou de Charles Malamoud sur l’Afrique et l’Inde. Juridique et même philosophique dans la dernière partie, où est réinterrogée la notion de personnalité morale. Mais certains chapitres sont plus proches des préoccupations de tout un chacun. C’est le cas de la contribution de Laurent Neyret sur la responsabilité écologique. Le professeur de l’université de Versailles se demande comment peut être construite une responsabilité juridique. Trois pistes à ses yeux : un renforcement de la régulation étatique, une amélioration de la réparation du préjudice écologique et une plus forte répression des crimes contre l’environnement. À propos de la responsabilité sociale des entreprises, Isabelle Daugareilh, chercheuse au CNRS, pense que la mondialisation interdit de la circonscrire aux entreprises, et qu’une coopération entre États pour garantir le respect des droits de l’homme s’impose.

Les cent dernières pages sont consacrées à la restitution des discussions entre les spécialistes ayant participé au colloque dont est tiré l’ouvrage. L’essentiel du propos tourne autour de la responsabilité climatique. Philippe Pochet, directeur général de l’Institut syndical européen, voit dans ce sujet, trop longtemps délaissé par les organisations de salariés, une opportunité pour le mouvement syndical à la recherche de revendications autres que salariales. Pour finir, Mireille Delmas-Marty appelle à une politique mondiale de protection de ce que les économistes nomment les « biens publics mondiaux ».

Prendre la responsabilité au sérieux,

sous la direction d’Alain Supiot et de Mireille Delmas-Marty. Éditions PUF. 430 pages, 29 euros.

Auteur

  • Jean Mercier