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Édito

Faire silence, relever les manches

Édito | publié le : 03.12.2015 | Stéphane Béchaux

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Faire silence, relever les manches

Crédit photo Stéphane Béchaux

Si les mots ont un sens, alors respectons-les. Non, l’Hexagone n’est pas « en guerre ». Pas sur son sol. La situation des Français n’est en rien comparable à celle de centaines de milliers de Syriens qui fuient leur pays. Ces réfugiés que nous accueillons au compte-gouttes, à notre corps défendant, connaissent, eux, la survie dans des villes en ruine, au milieu des morts. Pas nous.

Affirmer cela n’enlève rien à l’horreur des attentats du 13 novembre. À cette folie meurtrière qui a tué, blessé, traumatisé des innocents. Que dire à toutes ces familles endeuillées, qui cherchent un sens à leur vie après avoir perdu un fils, une amoureuse, un ami, une sœur ? On ne sait pas. On préfère se taire, faire silence.

Puisque les mots ont un sens, il faut admettre l’évidence. Et renoncer à ce slogan faussement bravache brandi place de la République, au lendemain de cette nuit de sang : « Même pas peur ». Si, nous avons peur. Tous. Que le cauchemar recommence. Que nous-même ou l’un de nos proches se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.

On ne se risquera pas, ici, à donner des recettes pour que cette folie cesse. Certains éditorialistes se sentent très compétents pour ça, pas nous. On se contentera, bien modestement, de partager une conviction. En affirmant haut et fort que la solution ne se trouve ni dans le repli ni dans le tout sécuritaire. Que fermer les frontières, recruter des policiers, construire des prisons ne peut tenir lieu de seule politique.

La France doit, bien sûr, se protéger. Sans états d’âme. Mais nous n’arriverons à rien si nous ne parvenons pas, aussi, à casser les ghettos, à redonner le goût de l’école, à intégrer les minorités, à réduire les inégalités entre territoires, à favoriser le dialogue entre communautés. La responsabilité n’en incombe pas – heureusement, d’ailleurs – aux seuls politiques. Dirigeants d’entreprise, salariés, partenaires sociaux, citoyens doivent aussi relever leurs manches.

Ce vœu a-t-il la moindre chance d’être exaucé ? On aimerait le croire. Mais les sondages d’avant scrutin régional laissent présager le pire. Si, au soir du premier tour, le Front national poursuit son inexorable progression, il ne menacera pas seulement les régions qu’il pourrait diriger. Mais le pays tout entier. Ses idées rances et rabougries dicteront alors le tempo jusqu’à la prochaine élection présidentielle, participant à la radicalisation des programmes. Une insulte à ceux qui sont tombés en ce soir d’automne, qui chérissaient la culture, la convivialité et le métissage.

Auteur

  • Stéphane Béchaux