logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Nomades et sédentaires, le grand clivage

Idées | Livres | publié le : 03.11.2015 | J. M.

Image

Nomades et sédentaires, le grand clivage

Crédit photo J. M.

Pierre-Noël Giraud explore les inégalités. Et s’intéresse aux travailleurs, selon qu’ils sont plus ou moins exposés à la mondialisation.

Le vrai spécialiste français des inégalités n’est pas Thomas Piketty, l’auteur du best-seller mondial Le Capital au xxie siècle, mais Pierre-Noël Giraud. Cet économiste discret fut le premier à montrer que la mondialisation allait aggraver les inégalités au sein des pays développés, mais les faire reculer entre les différentes zones de la planète.

Aujourd’hui, selon lui, nous devons faire face à une triple globalisation : celle des firmes, celle qu’a provoquée la révolution numérique et la financière. Dans cette nouvelle configuration, estime le professeur à l’École des mines, un nouveau clivage se superpose à celui entre catégories sociales : celui entre sédentaires et nomades.

Les emplois « nomades » sont les plus exposés à la compétition. Pour les garder, il faut se montrer compétitif par rapport à leurs équivalents sur d’autres territoires. Il s’agit, par exemple, des traders, des ingénieurs et des ouvriers spécialisés en électronique, ou encore des viticulteurs. Les « sédentaires », eux, ne sont en compétition que dans leur cadre national, à l’instar d’un professeur de droit constitutionnel français, d’un ouvrier du bâtiment ou d’un policier… Les premiers ont subi beaucoup plus violemment que les seconds le choc de la crise de 2008 dans nos économies. Pour preuve, désormais, les rares conflits salariaux n’éclatent plus que chez les sédentaires. Ce phénomène a une autre conséquence : il produit de plus en plus de quasi-interdits d’emplois, ceux que Pierre-Noël Giraud ose appeler « les hommes inutiles ».

Que devraient faire les États pour ouvrir les trappes à inutilité et permettre de réduire la masse des 47 millions de chômeurs décomptés dans les pays de l’OCDE ? L’auteur avance quelques préconisations au terme de ce livre passionnant, sa priorité allant à l’établissement de nouvelles règles internationales entre les grands blocs. Au moins entre l’Europe, les grands pays émergents et l’Afrique.

Auteur

  • J. M.