Dans l’environnement changeant et imprévisible qu’est celui de la vie des affaires, il est illusoire de penser qu’on peut une fois pour toutes considérer la stratégie adoptée par une entreprise comme la seule possible et la bonne. Ce sont trois consultants du Boston Consulting Group, creuset des grandes théories stratégiques, qui le disent. Désormais, il faut, selon eux, parler de « palette stratégique » faisant coexister des approches multiples, basées sur la force, l’adaptation, la vision, la proactivité et la viabilité. Ce que les auteurs illustrent par des exemples remarquablement éclairants. Certaines entreprises appliqueraient d’ailleurs déjà des stratégies « ambidextres » ou « polychromes ». En termes de management, ce déploiement sur plusieurs axes, combinant des priorités diverses, dicte un nouveau rôle au PDG : celui d’animateur. Faut-il craindre les « contradictions inévitables » engendrées par cette nouvelle posture ? Non, car « c’est ce qui distingue les grands dirigeants des bons managers ».
Après avoir quitté cet été la direction d’HEC, Bernard Ramanantsoa remet sa casquette de professeur de stratégie pour réfléchir à l’évolution du « business », qui est pour lui désormais le moteur de l’Histoire. De même qu’il considère le management comme « un art qui s’enseigne », il juge le leadership de plus en plus rare car requérant une certaine ascèse « guère à la mode ». « À l’heure du zapping, le risque est grand de ne vouloir que du court, du concret, du sur-mesure », observe-t-il. L’ouvrage est comme une invitation à refaire un long voyage avec un explorateur qui a arpenté les contrées qu’on va visiter. La mondialisation, par exemple, qu’il aborde par la Chine et l’Inde, les nouveaux géants en gestation. Les business schools américaines, ensuite, qui mènent la danse de la guerre des talents sur la planète. Le prof a la dent dure contre la France, crispée sur son Code du travail, sans voir que ce qu’elle prend pour une bouée est en fait un boulet : « La cinquième puissance mondiale sera vingtième dans vingt ans et nulle part dans cinquante », prédit-il.