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Les musulmans, premiers discriminés

Actu | Repères | publié le : 03.11.2015 | Alain Roux

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Les musulmans, premiers discriminés

Crédit photo Alain Roux

Un « testing » publié par l’Institut Montaigne, le mois dernier, révèle des discriminations religieuses de grande ampleur : la probabilité des catholiques pratiquants « d’être contactés par le recruteur pour un entretien d’embauche » est « deux fois plus forte, par rapport à celle des musulmans pratiquants ». Elle est également « supérieure de 30 % à celle de leurs homologues juifs ». Pour cette expérience menée par Marie-Anne Valfort, 6 231 CV fictifs ont été envoyés dans le domaine de la comptabilité. Les faux candidats venaient tous du Liban, avaient acquis la nationalité française, avaient la même expérience et le même nom de famille : Haddad. Mais leur prénom différait (Michel, Mohammed, Dov…), de même que leur pratique religieuse, qui se laissait deviner par le nom de leur ancien lycée et de leur troupe de scoutisme. Seule leur religion les distinguait donc, pas leur origine. Résultat, il suffit « aux candidats masculins musulmans ordinaires d’apparaître laïcs pour ne plus être discriminés », en mentionnant dans leur CV « Encadrement de jeunes à l’association laïque de scoutisme Éclaireuses éclaireurs de France ». Au contraire, les candidats musulmans sont plus désavantagés encore lorsqu’ils se montrent « exceptionnels », en affichant leur victoire au championnat de France de Sudoku. Dans ce cas, « le risque d’insubordination » qui leur est associé augmente. Cette réaction des recruteurs, quasi tous d’origine française ou européenne, pourrait relever de la « théorie de la menace » du sociologue Hubert Blalock, selon laquelle l’augmentation de la proportion de personnes issues de l’« exogroupe » (le groupe auquel un individu n’appartient pas) génère chez cet individu « un sentiment de menace ».

Auteur

  • Alain Roux