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Jean-Paul Delevoye, Patrick Bernasconi : Double ambition pour sauver le Cese

Actu | Eux | publié le : 03.11.2015 | E. S.

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Jean-Paul Delevoye, Patrick Bernasconi : Double ambition pour sauver le Cese

Crédit photo E. S.

Fin octobre, la conférence sociale avait à peine fermé ses portes que le Palais d’Iéna accueillait les assises… des fruits et légumes ! Cet antre du dialogue social mélangerait-il les choux et les carottes ? À écouter certains détracteurs du président Delevoye, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) aurait perdu de sa substantifique moelle depuis cinq ans. En abritant notamment des manifestations sans lien avec son objet, pour renflouer ses caisses. La troisième assemblée de la République a beau être en pleine crise identitaire, elle suscite encore la convoitise.

En 2010, Jean-Pierre Davant, le patron de la Mutualité française, s’était présenté pour protester contre le parachutage de Jean-Paul Delevoye, poussé par FO et Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. Avant de jeter l’éponge. Cette fois-ci, un autre duel se profile lors du renouvellement des mandats, mi-novembre. Les 233 membres, dont 40 personnalités qualifiées choisies par l’Élysée, devront départager deux visions de la vénérable institution. L’une, davantage ouverte à la société civile, incarnée par l’ex-ministre de la Fonction publique, candidat à sa propre succession. L’autre, plus recentrée sur le rôle historique du Cese, portée par Patrick Bernasconi.

Voila plus d’un an que l’ancien négociateur du Medef manœuvre en coulisse pour nourrir un projet alternatif. Soutenu par 18 organisations (CFDT, Unsa, CGC, Medef, CGPME…), il entend réveiller la belle endormie. « On ne cherche pas à recréer une sorte d’interprofessionnelle, prévient l’ex-président de la Fédération nationale des travaux publics. Le Cese ne joue pas assez son rôle de chambre d’équilibre tel que l’entendait la constitution de 1958. » Lui prône une institution rendue à ses membres, que le gouvernement pourrait saisir pour évaluer les politiques publiques ou dans le cadre des lois de programmation pluriannuelles. « Il faut réaffirmer la place du Cese et la légitimité de sa parole », ajoute Thierry Cadart, président du groupe CFDT. Entre 2010 et 2015, le Cese a été sollicité trois fois par le Parlement et 26 par l’exécutif… « La pertinence des saisines me paraît plus importante que leur nombre », considère Jean-Paul Delevoye.

Certains avis, sur les zones franches urbaines, le numérique ou le RSI ont été remarqués. Mais beaucoup sont restés confidentiels. L’ancien baron de l’UMP a aussi déstabilisé le Palais d’Iéna en le réformant à marche forcée, pour assainir son régime de retraite, ses finances et moderniser sa gestion des ressources humaines. « La confiance se gagne par l’exemplarité, la transparence, l’évaluation et l’équité », justifie-t-il. La remise à plat ne s’est pas faite sans mal. En 2013, deux plaintes pour harcèlement moral ont été déposées par un ex-agent en retraite. La première, au pénal, est toujours instruite. La seconde, devant le tribunal administratif, a été retoquée. « Il n’a pas démérité. Alors qu’il y a de fortes tensions entre syndicats, le Cese a plus besoin d’un président arbitre que d’un président partisan », estime Yves Veyrier, secrétaire confédéral de FO. « Un président doit être neutre et ne pas dépendre d’un camp ou d’un autre. Je refuse une démocratie sociale qui décide, par un jeu d’alliance, qui sera roi ou pas. » Son couronnement n’est pas acquis…

Auteur

  • E. S.