La fin d’été a sonné la saison des transferts dans le foot. Les joueurs s’en vont jouer dans le club où ils ont toujours rêvé de jouer, leurs agents s’enrichissent, et même les clubs où ils ont été formés tout petits réussissent à toucher des royalties. Ce mercato a aussi gagné le monde des médias.
Radios et télévisions s’échangent présentateurs et journalistes. L’audimat tient lieu de buts marqués ! Dans cette affaire, les agences de communication, voire les équipes de campagne ont relégué aux oubliettes les cabinets de recrutement. La fièvre a même gagné le monde des métiers de bouche : les journaux annoncent le transfert d’un chef d’une grande table à une autre. En dehors du foot, aucune école n’a pourtant encore pensé à réclamer son dû. Cela ne saurait tarder ! à quand un mercato des P-DG, des directeurs financiers, juridiques, des DRH… ? Ah, on m’annonce que cela vient ! Il paraît même que certains P-DG ont réussi à toucher une prime de départ, une prime d’arrivée et une prime pour la vente de leur club. Très fort !
La rentrée de septembre a été marquée dans le domaine social par l’expression d’idées qui, à défaut d’être neuves, n’en sont pas moins décapantes. Le rapport Combrexelle répond à la feuille de route qui lui avait été fixée : faire des propositions ambitieuses. Elles ont le mérite de provoquer un débat salutaire. Les syndicats sont divisés, le patronat partagé. Mais des ambitions et des débats, que restera-t-il ? Déjà, les trente-cinq heures ne seront pas touchées, ni les contrats de travail, ni le salaire minimum, ni sans doute les modalités du licenciement. Bien sûr, il faut des garde-fous pour éviter l’accélération de la marche vers un pays à plusieurs vitesses sociales. Mais de là à aboutir à une simple nouvelle classification des articles du Code, et un empilement de rapports plus brillants les uns que les autres, et plus volumineux que ce même Code… À propos, à quand un rapport ambitieux sur le statut de la fonction publique ?
Selon la presse, la France redécouvre son potentiel minier. Ne parlons pas du schiste – quelle horreur ! – mais de l’or, du titane, du tungstène, de la fluorine et autre niobium ! Cependant, entre les premières évaluations et les premières sondes, combien d’années de procédures administratives faudra-t-il ? Et entre les sondes et l’éventuelle exploitation ? Ce pays, qui en sept ans a perdu près d’un demi-million d’emplois industriels, n’a toujours pas compris que le temps joue contre lui ! Enfin, rassurons-nous : les vendeurs de tentes, de fourches et de hallebardes ont de beaux jours devant eux pour fournir les zadistes qui ne vont pas manquer de se manifester à titre préventif. Les avocats des associations (financées comment ?) qui refuseront les recherches sur le terrain, au nom, bien entendu, de l’intérêt général, sont aussi assurés d’une activité durable.
Simple retour en arrière : en décembre dernier, nous nous interrogions ici sur la forme de la crise et de la reprise. Nous pensions qu’entre une croissance en forme de U, de V, de W ou encore de racine carrée, la France avait choisi une croissance en L. Malgré quelques frémissements, des mesures tardives mais toniques, la barre inférieure du L reste, dix mois plus tard, désespérément horizontale. Jusqu’à quand ? Trois millions cinq cent mille demandeurs d’emploi attendent une réponse !
