Instiller du digital dans les formations RH sur un mode collaboratif… Voilà le défi que se sont lancé, en 2013, Cécile Dejoux, responsable du master RH du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), et Emmanuelle Léon, directrice scientifique du master RH de l’ESCP. L’idée : créer un module « Digital RH » commun aux auditeurs du Cnam et aux étudiants de la business school. Pour la deuxième édition, la quarantaine de participants se sont d’abord vu proposer cinq cours de trois heures, avec des interventions de spécialistes du numérique. Puis – là se niche l’innovation – ils ont dû, à distance et grâce à des outils collaboratifs (Google Drive, Storify…), travailler par groupes de cinq ou six provenant des deux écoles sur un sujet lié aux RH et au digital.

Le résultat a donné lieu à la présentation d’un mémoire, en janvier, puis, en mai, à une restitution publique intitulée « Notre projet Digital RH en 300 secondes ». Au menu : « Liberté d’expression en entreprise 2.0 », « Comment le digital amène-t-il à repenser la formation ? » ou « Transformation digitale et nouveaux critères de performance ». Des exposés écoutés et commentés par des professionnels attentifs aux pistes tracées par ces étudiants 2.0.

« Nous avons créé un écosystème, une sorte de Lab, se réjouit Cécile Dejoux. Nous les formons pour qu’ils vivent ce qu’ils vont trouver dans l’entreprise de demain. » Cette méthode en mode test and learn, qui casse les codes de l’apprentissage traditionnels, oblige les intéressés à sortir de leur zone de confort.

Ce module permet aux étudiants d’acquérir les bons réflexes, les bonnes postures pour collaborer sans être happés par les outils digitaux. S’approprier les applications, travailler à distance, restituer un travail commun mixant les générations et les compétences : un condensé de l’activité à l’ère numérique, en quelque sorte. « De l’open class collaborative », note Cécile Dejoux, qui y voit les prémices de la formation du futur.

Autre bénéfice de cette innovation : « Nous ne faisons jamais le même cours. Ce sont encore des sujets à défricher », explique Emmanuelle Léon. « Nous avons d’excellents retours des entreprises, car très peu ont des repères sur l’articulation entre numérique et ressources humaines », complète Cécile Dejoux.

Raison de plus pour continuer l’aventure en cette rentrée. La nouvelle session sera plus resserrée, avec cinq cours réunis sur deux semaines – au lieu de cinq – afin de « laisser le temps aux étudiants de prendre du recul sur ce sujet nouveau », indique Emmanuelle Léon. Pour le reste, le principe demeure identique : collaboration à distance, élaboration du projet et présentation en un laps de temps réduit. Une formule gagnante ? En tout cas, elle commence à intéresser les employeurs : deux participants ont déjà été embauchés en CDD sur un poste en lien avec les RH et le digital.