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Idées

Certes, nul n’est indispensable, mais…

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.09.2015 | Catherine Barbaroux

Exit, Rebsamen

À peine son « apprentissage » de seize mois terminé, et à la veille d’échéances sociales importantes, François Rebsamen a choisi la mairie de Dijon plutôt que de poursuivre sa mission au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Le simple énoncé de ses compétences ministérielles, des priorités et des enjeux qu’elles recouvrent à la veille des élections régionales de décembre et dans la dernière ligne droite du quinquennat, rend ce geste problématique. Aurait-on voulu signifier… l’insignifiance du politique qu’on n’aurait pas agit autrement. Bien sûr, on peut entendre toutes les raisons personnelles qui ont été données pour motiver ce choix, dont le calendrier est malheureusement dicté par une disparition tragique. Mais le symbole est là : ce qui est la mère des batailles du quinquennat, à savoir l’inversion de la courbe du chômage, n’impose pas la persévérance, l’engagement, l’expérience. On peut s’y soustraire pour convenance personnelle. On est irremplaçable à Dijon mais pas à Grenelle ! Les citoyens, les syndicats, les agents du ministère ou de Pôle emploi, engagés sur le terrain dans la lutte quotidienne contre le chômage, peuvent-ils comprendre ce choix politicien encore plus illisible au regard des déclarations présidentielles ? Les fonctions ministérielles s’incarnent, surtout en période de crise, et le dialogue social se nourrit de confiance autant que de technique, d’informel autant que de juridique. Quelles que soient les qualités de son successeur, ce capital immatériel aura été partiellement gaspillé au détriment de l’efficacité de l’action gouvernementale, de la qualité du dialogue avec les partenaires sociaux et, surtout, des résultats dans la lutte contre le chômage.

Débattons du partage !

Nous avons fini le mois de juin avec la suspension d’UberPop ; nous avons passé l’été à commenter les résultats d’Airbnb ou à lire des portraits (plutôt sympathiques, d’ailleurs) de Fréderic Mazzella, le fondateur de Blablacar ; nul ne doute que nous continuerons cet automne à débattre de cette nouvelle économie du partage rendue possible par la puissance et la démocratisation du Web. Plusieurs revues (Esprit du mois de juillet notamment) et tribunes nous alertent à juste titre sur les questions posées par cette économie collaborative. Sommes-nous en train de vivre la concrétisation d’une utopie qui va « marginaliser un capitalisme déjà en déclin », comme le soutient Jeremy Rifkin ? Ou bien ce « collaboratif », certes innovant et stimulant de nouveaux usages, ne génère-t-il pas quelques dérives « business » qui n’ont rien à voir avec la vision coopérative et démocratique de l’économie ? Ce débat est d’autant plus intéressant à « partager » (c’est bien le cas de le dire !) que la réponse est loin d’être écrite. Elle dépend de nous (citoyens, consommateurs, épargnants…), de notre capacité à nous impliquer dans la gouvernance de ces nouveaux outils économiques. Nous avons collectivement (les États et nous) raté le train du contrôle des Gafat (Google, Apple, Facebook, Amazon et Twitter). Ne manquons pas celui des plates-formes d’usages partagés dont nous sommes à la fois les outils de production et les utilisateurs.

Auteur

  • Catherine Barbaroux