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Édito

Un peu d’ambition rue de Grenelle, SVP

Édito | publié le : 03.09.2015 | Stéphane Béchaux

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Un peu d’ambition rue de Grenelle, SVP

Crédit photo Stéphane Béchaux

Quel panache ! Quel sens de l’état ! Quel amour de la chose publique ! Vraiment, vous faites fort, Monsieur Rebsamen. Déserter, aux premiers jours de la rentrée, votre hôtel de la rue de Grenelle pour rejoindre la mairie de Dijon, voilà une décision qui vous honore. Après dix-sept mois de mandat, vous aviez, effectivement, fait le tour de vos sujets. Le chômage ? En nette baisse. Le compte pénibilité ? Sur les rails. La dette de l’Unédic ? Résorbée. Le compte personnel de formation ? Un triomphe. Qui pourrait reprocher à un homme d’état ayant cumulé tant de succès de souffler un peu, en regagnant ses pénates ?

Pendant l’été, on s’est gratté la tête. Pour tenter de comprendre ce qui peut pousser un ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social – excusez du peu – à quitter ses fonctions en pleine tempête sociale. Sans même assurer le service après-vente d’une loi qui porte son nom. Alors que l’élysée et Matignon ont fait de la lutte contre le chômage une grande cause nationale. Et on n’a pas trouvé. Enfin, si. Il doit vous manquer des points de retraite pour votre pension à taux plein. Et entre un CDD ministériel et un CDI municipal…

Soyons juste, ce maroquin tient du sacerdoce. Commenter, mois après mois, les (mauvais) chiffres des inscriptions à Pôle emploi, jouer les VRP des contrats aidés, rester en connexion permanente avec les partenaires sociaux ou orchestrer le sauvetage de l’Afpa ne font pas rêver. D’autant moins que les marges de manœuvre sont minces. De fait, corréler l’évolution du chômage ou la qualité de l’emploi aux actions mises en œuvre rue de Grenelle n’a pas beaucoup de sens. La conjoncture économique internationale, la politique fiscale, les cours de l’euro ou du pétrole pèsent autrement plus sur les courbes et les tendances.

La difficulté du poste n’interdit pourtant ni la volonté ni l’ambition. Certains de vos prédécesseurs en ont fait preuve, à droite et à gauche. Martine Aubry, François Fillon, Xavier Bertrand ou Michel Sapin sont de ceux-là. Pas vous. Peut-on espérer que votre successeur mettra davantage de cœur à l’ouvrage ? On veut y croire. Car les chantiers ne manquent pas, sans même parler de l’hypothétique réforme du marché du travail que Manuel Valls appelle de ses vœux en cette rentrée. Parmi ces dossiers, le sauvetage de l’assurance chômage, le suivi du tout neuf compte personnel de formation, la création de la prime d’activité, le lancement effectif du compte pénibilité et la mise en chantier du compte personnel d’activité. Des sujets techniques, mais cruciaux, qui nécessitent un ministre impliqué, à l’écoute des acteurs, prêt à mettre les mains dans le cambouis. Et doté d’une réserve inépuisable d’énergie et de conviction. Histoire de ne pas faire des vingt prochains mois une interminable parenthèse jusqu’à l’élection présidentielle.

Auteur

  • Stéphane Béchaux