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Des cursus toujours très pros

Dossier | publié le : 03.09.2015 | Éric Béal

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Le top 5 des formations continues

Crédit photo Éric Béal

Accueil des salariés, professionnalisation, international… Les MBA et masters RH en formation continue doivent répondre à de nombreux défis. Nous avons passé les cursus au peigne fin pour mettre en avant les plus performants.

Décoincer une carrière ou tourner le dos à un premier métier. Les raisons ne manquent pas de reprendre des études pour se lancer dans la gestion RH. Parmi les masters, MBA ou diplômes de niveau 1 spécialisés en gestion RH, recensés pour le volet « formation initiale » du Palmarès Liaisons sociales (voir LSM n° 161), environ la moitié accueille un nombre significatif de personnes en formation continue. Certains ouvrent même exclusivement leurs portes aux professionnels, qu’ils soient ou non déjà dans la filière RH.

Pour susciter l’intérêt, le petit monde de la formation continue en gestion des ressources humaines n’a d’autre choix que de se tenir au courant des besoins exprimés par les entreprises. Objectif : accompagner, voire anticiper les évolutions de tendance, malgré la rigidité du système d’habilitation ministérielle qui gèle les programmes pendant cinq ans. Les responsables pédagogiques s’entourent d’intervenants issus des entreprises, enrôlent des DRH dans leur comité stratégique, suivent la carrière de leurs anciens élèves ou bien tissent des contacts assidus avec des clubs professionnels, parmi lesquels les antennes locales de l’ANDRH tiennent le premier rôle.

Pour autant, ils ne peuvent ni ne souhaitent délivrer le même diplôme. Chacun d’entre eux cherche à s’adapter à la demande des entreprises de sa région : groupes internationaux, ETI ou grosses PME. Au final, les différences sont nombreuses et touchent aussi bien l’organisation des horaires que la pédagogie, le choix des sujets mis en avant, le mode d’alternance cours/entreprise et jusqu’à la durée totale des études. Sans parler du coût, qui passe du simple au quintuple entre le Cnam et l’Essec. Pour comparer tous ces diplômes, nous avons retenu trois types de critères : l’accessibilité pour les salariés, le niveau de professionnalisation et l’ouverture internationale. Le résultat montre qu’un diplôme peut difficilement être bon dans tous les domaines. Alors qu’il est champion de l’accessibilité pour les salariés – avec des cours concentrés sur le vendredi et le samedi, un coût parmi les plus bas et la possibilité de valoriser une expérience professionnelle (VAE) –, le master GRH en entreprise ou en association du Cnam (voir aussi page 68) disparaît des autres tableaux. à l’inverse, les MBA de l’Institut Magellan-ENS Cachan, incomparables sur l’ouverture à l’international et qui se classent parmi les diplômes les plus professionnalisés, n’apparaissent pas parmi les dix plus accueillants pour les salariés.

Deux provinciaux seulement

Ce déséquilibre explique que les diplômes de l’Institut Magellan associé à l’ENS, pourtant reconnus internationalement, ne décrochent pas la première place du top 5 (voir ci-contre). Celle-ci revient au master Management des ressources humaines de l’université Lille-I, qui voit récompenser un positionnement équilibré sur les trois critères retenus pour ce palmarès. Le premier cité se retrouve à la deuxième place, une marche en dessous du classement 2012. Cette relative régression ne sanctionne évidement pas une détérioration du niveau de ses diplômes. Leur attractivité est d’ailleurs toujours aussi forte.

Seules deux universités provinciales sont présentes dans ce top 5, alors que le nombre d’établissements hors région parisienne est plus important que celui des franciliens. Mais ce serait une erreur de considérer que les seconds sont forcément au dessus du lot. En région, les acteurs collent aux besoin de leur environnement et proposent des enseignements adaptés aux employeurs locaux. à l’instar de l’IAE de Brest, avec le master Management des ressources humaines, dirigé par Marie-Noëlle Chalaye. Plus de la moitié de ses intervenants sont des consultants ou des professionnels des RH travaillant dans des entreprises du cru. En toute logique, ce cursus n’est pas positionné sur l’ouverture à l’international. Cela ne l’empêche pas d’accueillir régulièrement des officiers de la Marine nationale et des cadres supérieurs de santé, attirés par la possibilité d’une second carrière.

Au-delà des résultats présentés dans les pages suivantes, les formations possèdent une caractéristique commune : l’omniprésence des professionnels, DRH, consultants ou juristes, parmi les intervenants. à Sup des RH et à l’IGS, cette « professionnalisation » joue à fond, atteignant presque 100 % des formateurs. La majorité des établissements maintient cependant une proportion non négligeable de professeurs académiques. Dans les masters et MBA de Dauphine ou de l’Université catholique de l’Ouest, 60 % du corps enseignant est constitué de professionnels. à Rennes-I, ils sont 40 %. La majorité des responsables pédagogiques estime que la présence de professeurs académiques est nécessaire pour aider les étudiants à prendre du recul et à questionner les pratiques professionnelles en se référant aux travaux théoriques. Au Celsa, Sophie Corbillé propose même à ses étudiants de s’initier à l’enquête sociologique dans le cadre d’un module consacré à la conduite du changement. « Ils apprennent à mener des entretiens directifs et cela leur permet de faire le lien entre la théorie et la pratique », affirme-t-elle.

Très souvent, les enseignants incitent aussi leurs étudiants à lire, jugeant qu’ils ne consultent pas assez les ouvrages ou les revues spécialisés. Certains demandent une fiche de lecture systématique, avec présentation orale devant la promo. La plupart des responsables de master mettent en avant le travail de groupe. « Nous les poussons à travailler en mode collaboratif, note Cécile Dejoux (Cnam). Nous ouvrons un espace sur le Net pour faciliter les partages de notes et d’articles. Il est désactivé à la fin de la promo. » L’IAE Lyon organise des groupes de projet dès la rentrée. « Chacun doit adopter une thématique précise et rencontrer des DRH pour mener un travail de synthèse », indique Catherine Glée-Vermande. La méthode permet de créer un effet miroir par rapport au vécu de chacun dans l’entreprise.

Travail collectif

L’Essec pousse la logique encore plus loin, en confiant à la promo l’organisation de son voyage en mode « gestion de projet », avec initiation méthodologique préalable, répartition des tâches et réunion hebdomadaire de suivi. « La promo trouve le thème du voyage et l’entreprise pour le sponsoriser. Elle assure aussi la présentation des résultats d’enquête devant la direction de leur sponsor », précise Jean-Luc Cerdin, responsable de la formation. Cette année, Orange a soutenu un voyage à Singapour sur le thème du renouvellement des compétences avec l’émergence du digital.

Pour accentuer le caractère professionnel de leur diplôme, certains responsables pédagogiques se préoccupent aussi de la future carrière de leurs étudiants. Un consultant externe est ainsi à la disposition des élèves de l’EM Strasbourg pour leur proposer des conseils de carrière et des séances de coaching. Idem à Dauphine, qui a mis en place des ateliers de développement personnel. à l’IAE de Tours et à Lille-I, les étudiants peuvent être accompagnés individuellement pour définir leur projet professionnel. Des propositions bienvenues pour des candidats engagés dans une aventure exigeant une sacrée dose de motivation et de courage.

Auteur

  • Éric Béal