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Un UMP modéré pour porter la voix des départements

Actu | Eux | publié le : 02.06.2015 | Emmanuelle Souffi

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Un UMP modéré pour porter la voix des départements

Crédit photo Emmanuelle Souffi

L’alternance a déjà commencé. Dans la foulée des élections de mars, la vague bleue a emporté Claudy Lebreton (PS), ex-président du conseil départemental des Côtes-d’Armor, à la tête de l’Assemblée des départements de France depuis onze ans. Élu avec 68 % des voix mi-mai, Dominique Bussereau promet « de ne pas faire de grand ménage. » Cet « UDI compatible », selon un socialiste, proche de Jean-Pierre Raffarin, est un modéré qui jouit d’une liberté de parole propre aux routards de la politique. Opposé au « ni-ni » prôné par Nicolas Sarkozy, il a ainsi appelé à voter PS aux législatives dans le Doubs pour faire barrage au FN. Avec François Baroin, président de l’Association des maires de France, l’UMP dispose ainsi d’un arsenal puissant sur le plan local.

Lorsqu’il dirigeait la maison, Claudy Lebreton s’était affronté au Premier ministre, qui voulait transférer le maximum de compétences aux régions en vue de la disparition des départements à l’horizon 2020. Dominique Bussereau va reprendre le combat. Car si les départements sont pour le moment sauvés, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. « C’est un armistice, pas une paix établie », confirme Bruno Sido, vice-président de l’ADF et soutien de Dominique Bussereau.

Ce dernier veut conforter leur existence. « Les élections de mars ont montré l’attachement des Français aux départements, relève ce fils de cheminot. Quand vous avez des régions de la taille de l’Autriche, ils ont encore plus d’importance. De la naissance à la vieillesse, c’est un partenaire naturel pour tous. Il faut une complémentarité entre les deux échelons. »

La future loi sur l’organisation territoriale de la République – à nouveau examinée par l’Assemblée nationale en juin – entérine, certes, la vocation sociale des départements. Mais le nouvel homme fort de l’ADF se veut vigilant. Il compte notamment se battre pour conserver les transports scolaires, et pas seulement ceux dévolus aux handicapés.

Au-delà de la création de la prime d’activité, fusionnant prime pour l’emploi et revenu de solidarité active, ce qui préoccupe l’ADF, c’est l’équilibre budgétaire. Avec la montée de la précarité, les dépenses liées au RSA ont explosé. Or l’aide de l’État a été rabotée pour cause d’économies. D’après une étude du cabinet Klopfer, 65 départements pourraient ne pas passer 2018 tant leurs finances sont dans le rouge. « Dans les Ardennes, la baisse des dotations, c’est 7 millions d’euros. Et l’insuffisance des compensations, par l’État, des allocations individuelles de solidarité, 39 millions ! » calcule Benoît Huré, président UMP du département. « La proximité offre une meilleure efficacité mais les remboursements publics ne sont pas à la hauteur de la dégradation de la situation », pointe André Viola (PS), son homologue dans l’Aude.

L’ancien secrétaire d’État au Budget de Jacques Chirac va donc devoir mobiliser ses talents de négociateur pour débloquer une nouvelle enveloppe dans le cadre du projet de loi de finances pour 2016. « Si on ne règle pas cette question, c’est mortel, prévient l’intéressé. Beaucoup de départements font aujourd’hui de la cavalerie pour payer les allocations. » Avec le risque de se faire, ensuite, rattraper par la Cour des comptes…

Dominique Bussereau Président de l’Assemblée des départements de France.

2004

Ministre de l’Agriculture.

2007

Secrétaire d’État aux Transports.

2015

Réélu président du conseil départemental de Charente-Maritime.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi