Quoi qu’on dise de l’immobilisme des gouvernements, six grandes lois ont modifié la réglementation sur les retraites de 1993 à 2014. La dernière a allongé progressivement la durée requise pour l’obtention du taux plein jusqu’à 43 ans pour la génération née en 1972 (dans le privé). Mais aussi abaissé le salaire de référence permettant de valider un trimestre : de 200 heures de Smic à 150 heures. Ces réformes successives devraient avoir pour effet de reculer l’âge moyen de liquidation de 2,5 à 3 ans pour les générations nées de 1960 à 1980, indiquent les services statistiques du ministère de la Santé (Drees). Le rééquilibrage se joue progressivement du côté des femmes, dont la génération de 1950 part en moyenne à 61,5 ans et celle de 1980 à 64 ans, contre 60,5 et 64,8 ans chez les hommes.

Ces estimations ajustent légèrement à la hausse les prévisions du Conseil d’orientation des retraites qui tablait sur 64 ans en moyenne à partir de 2045, dans ses projections de 2014. Les personnes aux salaires les plus faibles (premier quartile) partent plus précocement : chez les hommes, la durée de vie active est repoussée de 29 mois, contre 43 pour le dernier quartile. Cela ne présage en rien de l’équité des réformes, « car il faudrait […] prendre en compte d’autres éléments, notamment l’effet des réformes sur les montants de pension, et les espérances de vie à la retraite en fonction du salaire ».