À deux mois de la fin de la négo sur les retraites complémentaires, la voie d’un accord paraît bien éloignée. Plusieurs points cristallisent l’attention. D’abord, le rythme du redressement : « Est-il indispensable de rétablir intégralement l’équilibre dès 2020, sachant qu’il y a des réserves ? » s’interroge Serge Lavagna (CFE-CGC). Ensuite, la répartition équilibrée des efforts.

Si, dans l’esprit des syndicats, celle-ci ne peut passer que par une augmentation des cotisations, supportée à 60 % par les employeurs, la question de la contribution des retraités est aussi posée. D’autant que la désinflation a déjà largement dégonflé l’effort que ces derniers auraient dû consentir en 2014 et 2015. « Il faut espérer que l’inflation revienne », observe Jean-Louis Malys (CFDT). De façon à écarter le risque non plus seulement d’un gel, proposé par le patronat, mais d’une baisse nominale des pensions. Côté employeurs, la hausse des cotisations « n’est certes pas taboue, elle n’est pas possible pour l’instant », tranche Claude Tendil, chef de file du Medef. Sur les abattements temporaires de pension en cas de départ anticipé avant 67 ans, les syndicats ont déjà obtenu que ceux-ci interviennent à partir de la génération née en 1959. Soit 2021 pour les candidats à une liquidation à 62 ans, voire 2019 pour ceux éligibles au départ pour carrière longue ou métier pénible. Mais selon « quel rythme d’abattement ? » questionne la CFDT qui redoute de voir « détricoté » ce dispositif. Rejoint par la CFDT et FO, le patronat plaide en faveur de la création d’un régime unifié, assorti d’une mutualisation des réserves Agirc-Arrco. Au motif que « c’est la seule façon d’éviter de prendre des mesures très brutales d’augmentation des cotisations ou de baisse des pensions Agirc des cadres », prévient Claude Tendil.