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Idées

Ça bouge, un peu

Idées | Bloc-notes | publié le : 02.04.2015 | Dominique-Jean Chertier

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Ça bouge, un peu

Crédit photo Dominique-Jean Chertier

Le frémissement

L’heure n’est pas encore à l’euphorie, mais les indicateurs avancés permettent d’envisager l’avenir avec un peu d’optimisme. Les grandes entreprises ont affiché des résultats 2014 encourageants. Le déficit de la Sécurité sociale repasse sous les 10 milliards, surtout grâce aux recettes. L’intérim a été affecté en début d’année par les conséquences des attentats, mais devrait repartir. Les constructeurs automobiles se redressent. L’OCDE revoit ses prévisions à la hausse pour la zone euro, même si la France demeure un peu en dessous de la moyenne. Bref, grâce au schiste et sans guerre de conquête, l’Amérique est parvenue à faire baisser le prix du pétrole : merci ! Sans bruit et sans cri, l’Europe a réussi une dévaluation compétitive de l’euro : bravo ! Le risque de ce frémissement serait qu’il se traduise, comme souvent, par l’urgence de ne plus rien faire.

Le déverrouillage

Beaucoup de lois sont faites pour interdire. La future loi Macron a l’inconvénient d’être confuse dans sa présentation et insuffisante dans son champ d’application, mais elle a l’avantage de faire un peu bouger les lignes. Dans l’organisation du temps de travail, les règles de licenciement, l’ouverture à la concurrence, la justice prud’homale, le patrimoine inutilement détenu par l’État alors qu’il relève de l’activité économique… On aurait tort de ne retenir que son côté bric-à-brac ; la vie économique n’est pas faite que d’idées philosophiques. À l’inverse, les médecins se trompent en dénonçant le côté bricolage du tiers payant. Là, c’est le principe même qui est mauvais : l’idée que la santé n’a pas de prix et, partant, pas de coût. Comme la Fonction publique, sans doute.

La tectonique

La loi Fillon de 2004 était aussi une loi de déverrouillage, elle qui remettait en question l’ordre syndical établi depuis des décennies. Elle accompagnait simplement un besoin de démocratie. Elle tétanisait ceux qui prédisaient l’apocalypse du dialogue social mais redoutaient surtout la perte de leurs certitudes ou de leurs habitudes confortables de négociation. Elle s’est, hélas, arrêtée aux portes du patronat. Dix ans plus tard, on voit qu’elle a permis d’accompagner l’évolution sociologique des salariés. Elle a contribué à modifier le paysage syndical, notamment des grandes entreprises, et poussé à des regroupements qui limitent l’éparpillement que tout le monde déplorait. Et plutôt favorisé les organisations responsables, même si certains médias, avides de conflits, continuent de faire semblant de ne pas s’en apercevoir.

Le pied du mur

Les partenaires sociaux ont trébuché sur le dialogue social : un comble. Ils laissent donc à l’État le soin d’organiser ce qui les concerne directement. Le patronat préfère sans doute se laisser imposer ce qu’il n’acceptait pas de concéder ! À moins qu’à l’instar des syndicats qui, sous prétexte de principes républicains, privilégiaient l’État dans l’espoir d’obtenir de lui davantage, il ne compte sur le maître d’école pour calmer les revendications des camarades turbulents. Pourtant, il va bien falloir que ces partenaires sociaux, tous ensemble, s’attellent sans trop tarder à la réforme de ce qu’ils ont su, si bien, un jour créer : les retraites complémentaires et l’assurance chômage. À moins qu’ils ne s’en remettent encore à l’État pour prendre les mesures qui s’imposent… Un sursaut n’est heureusement pas à exclure !

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier