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Un touche-à-tout en porte-voix de l’industrie

Actu | Eux | publié le : 02.04.2015 | Manuel Jardinaud

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Un touche-à-tout en porte-voix de l’industrie

Crédit photo Manuel Jardinaud

Et une ligne de plus sur son CV ! Et pas la moindre. Âgé de 50 ans, Alexandre Saubot, directeur général délégué du groupe Haulotte, devient président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie, la plus puissante fédération patronale de l’Hexagone. Et sans suspense : il l’a emporté, le 19 mars, avec 52 % des voix, dès le premier tour. En faisant mentir les pronostics, qui annonçaient un duel serré avec Jérôme Frantz, P-DG de la PME Frantz Électrolyse, qui semblait avoir le vent en poupe.

Polytechnicien, ancien du Trésor et du cabinet de Douste-Blazy au ministère de la Culture, banquier chez Natexis Banque populaire… Le pedigree du nouvel homme fort de la métallurgie ne le destinait pas initialement à la fonction. Du moins jusqu’en 2000, année où il intègre l’entreprise familiale dirigée par son père. Une société en difficulté lors de la crise de 2008, qu’il redresse. « À l’époque, il aurait pu se débarrasser de nous. Il ne l’a pas fait et a tenu ses engagements », témoigne Franck Sauton, délégué syndical central CFDT du groupe Haulotte. Une ETI aujourd’hui leader en Europe de la nacelle élévatrice, qui compte 1 500 salariés. Résultat, son côté classique, rompu aux univers feutrés, et son expérience d’industriel de terrain en ont fait le candidat idéal pour l’ancien Comité des forges.

Un pas de plus – de géant – dans le cercle fermé des patrons qui comptent. À l’automne, Pierre Gattaz l’avait déjà intronisé chef de file du Medef lors de la négociation sur la modernisation du dialogue social. Un exercice non abouti qui n’a pas pénalisé le nouveau numéro un de l’UIMM dans la course à la succession de Frédéric Saint-Geours. Basé à Saint-Chamond (Loire), le dirigeant devra toutefois tirer les leçons de cet échec. « C’est un homme chaleureux, note Marie-Françoise Leflon, la négociatrice CFE-CGC. Mais, s’il a une vraie pratique du dialogue social dans son entreprise, il ne l’a pas encore élargie au champ de l’interprofessionnel. »

Une pique qui trouve écho au Medef. « Il a un côté ingénieur. Il s’approprie les sujets très sérieusement mais manque parfois de souplesse en s’attardant sur des détails et en oubliant l’équilibre global », commente un habitué des négos. Hors de la sphère sociale, Alexandre Saubot entend devenir le visage de l’industrie française et remettre au cœur des débats des questions clivantes comme le coût du travail et la pénibilité. À ses aises Avenue Bosquet, le nouveau patron ne pourra d’ailleurs faire l’économie d’une clarification de la position de l’UIMM à l’égard du Medef et de la CGPME. Deux organisations qui draguent ses voix dans la perspective de la mesure de la représentativité patronale.

Dans l’immédiat, et pour le début de son mandat de trois ans, son agenda social est chargé. « Nous gageons qu’il saura maintenir le dialogue social comme pilier de la performance économique », espère Gabriel Artero, président de la Fédération de la métallurgie CGC. Un appel à l’ouverture alors que le chantier de la refonte totale du cadre conventionnel de la branche est l’une des priorités de la nouvelle présidence. L’enjeu est fort pour l’UIMM, les relations sociales s’avérant complexes avec 76 conventions collectives territoriales. Reste à savoir comment articuler le national et le local. Un exercice de funambule…

Alexandre Saubot Président de l’UIMM.

2005

DG délégué du groupe Haulotte.

2014

Négociateur du Medef sur le dialogue social.

Auteur

  • Manuel Jardinaud