L’indemnité kilométrique vélo doit donner un coup de pouce à ce moyen de transport. Mais les entreprises attendent des exonérations.
Comment inciter les salariés à prendre leur vélo plutôt que leur voiture pour se rendre au travail ? En instaurant l’indemnité kilométrique vélo. Une disposition intégrée par le gouvernement à la loi sur la transition énergétique adoptée début mars. Pour évaluer l’intérêt de ce dispositif, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a financé une expérimentation de juin à novembre 2014. Dix-huit entreprises volontaires, représentant plus de 8 000 salariés, ont versé à leurs salariés cyclistes une indemnité de 25 centimes d’euro par kilomètre parcouru dans le cadre de leur trajet domicile-travail, soit 40 à 43 centimes pour l’employeur lorsqu’on inclut les cotisations sociales et fiscales. Une indemnité non cumulable avec le remboursement d’un abonnement de transports en commun, sauf dans le cadre d’un déplacement intermodal.
« L’indemnité encourage à sauter le pas, note Thibaut Bourdain, chargé d’organisation chez l’assureur MMA, qui a participé au test durant six mois. Mais, finalement, l’aspect financier n’est pas si important. » De cette expérimentation, les salariés soulignent avant tout les bienfaits pour la santé. « Le vélo permet de faire de l’exercice chaque jour. Je me sens plus détendu au travail », souligne ainsi Guillaume Descazal, chef de projet informatique au Crédit coopératif. Un constat partagé par Marie Bocquet, assistante de direction chez Valophis Habitat, un groupement d’offices HLM. « Nous sommes enfermés à la maison, au bureau, dans nos voitures… Le vélo permet de prendre l’air et de décompresser. »
L’utilisation de la bicyclette engendrerait également une plus grande cohésion au travail. « Nous faisons connaissance au parking réservé aux vélos, indique Matthieu Faye, assistant qualité, sécurité, environnement chez Sotranasa. Cela joue dans nos relations professionnelles. Lors des dernières élections du comité d’entreprise, la participation a été plus importante que d’habitude parce que les collaborateurs se connaissaient. » Sans parler des bienfaits pour le porte-monnaie et du temps optimisé en ville. « Je gagne vingt minutes par rapport à d’autres collègues qui viennent en voiture », poursuit Matthieu Faye.
Même satisfecit côté employeurs. « Outre les bienfaits pour l’environnement, le vélo contribue à une meilleure qualité de vie, ce qui engendre une plus grande efficacité au travail tout au long de la journée, estime Christophe Vernier, responsable RSE au Crédit coopératif. Il permet d’entretenir la santé de nos salariés, ce qui peut concourir à diminuer les arrêts maladie et l’absentéisme. »
Des interrogations demeurent quant au vol et à l’insécurité routière. « Nous avons des parkings en sous-sol fermés et un endroit réservé aux vélos, ce qui tranquillise nos collaborateurs », précise Jean-Philippe Boachon, chef de projet à la direction du développement durable chez Valophis. Et si aucun accident n’a été déploré lors de l’expérimentation, les entreprises estiment que les collectivités locales doivent investir dans la réalisation de voies cyclables pour sécuriser les parcours. Quant aux équipements (gilet fluorescent, casque, lumières), ils sont incontournables.
Pour l’Ademe, le bilan de cette expérimentation est plutôt encourageant. Selon un rapport rendu public fin janvier, elle a permis de doubler le nombre d’utilisateurs dans les entreprises, passés de 200 à 419 sur les 8 000 salariés concernés. Pas de quoi encore détrôner la carte Navigo ou l’automobile, ni rattraper le retard de la France sur ses voisins européens !
Le gros point noir demeure les charges sociales, imposables pour l’employeur comme pour le salarié. Selon l’étude de l’Ademe, la prime atteint en moyenne 35 euros par salarié. Les entreprises attendent donc une exonération relative à cette indemnité pour déployer le dispositif, qui reste facultatif pour l’employeur. En attendant le décret d’application en juillet, certaines entreprises convaincues poursuivent l’expérience.