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Cherche entrepôts idéalement situés

A la une | publié le : 07.03.2015 | Éric Béal

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Cherche entrepôts idéalement situés

Crédit photo Éric Béal

Il faut de la place pour abriter une plate-forme logistique, mais pas seulement. Le choix d’une implantation obéit à un savant équilibre, qui mêle accessibilité, proximité des marchés et qualité du bassin d’emploi.

Zone d’activité Lafayette, à Saint-Georges-d’Espéranche (Isère). Les entrepôts gris et blanc s’étendent sur plusieurs centaines de mètres, entourés d’étendues herbeuses, reliés par de larges routes et des ronds-points. C’est ici que Conforama a implanté, en 2012, l’une de ses six plates-formes logistiques dans l’Hexagone. « Nous avons rassemblé trois entrepôts dont nous disposions dans la région. Il nous fallait un plus grand bâtiment pour envisager l’avenir avec sérénité », explique Thomas Daudré-Vignier, directeur du site qui emploie quelque 200 personnes, dont 40 % d’intérimaires. Avec 66 000 mètres carrés, l’entrepôt fait partie des plus importants de la zone. « C’est le seul site aux alentours de Lyon qui propose des bâtiments de grandes dimensions. Et nous ne voulions pas faire construire », précise le responsable.

Si l’absence de transports en commun limite la possibilité d’attirer des salariés intérimaires pour faire face aux pics d’activité, le site possède de beaux atouts. Un accès routier de bonne qualité, une grande hauteur sous poutres des constructions et une fiscalité locale très basse. Auxquels il faut ajouter un élément déterminant pour tout logisticien : son implantation géographique en fait un excellent barycentre. Une notion mathématique constamment évoquée par les hommes de l’art. « C’est l’endroit situé au plus près des différents points de livraison, tout en étant bien placé sur les grands axes autoroutiers », explique Vincent Daudier, directeur de la plate-forme logistique chez Norbert Dentressangle. Le spécialiste du transport par route utilise quelque 180 sites en France, dont 150 dédiés à un seul client. Chacun d’entre eux est installé après calcul de ce fameux barycentre.

Pas étonnant, dès lors, que le « corridor » Lille-Paris-Lyon-Marseille dispose du plus grand nombre d’entrepôts de l’Hexagone. « Ces métropoles abritent un très grand nombre de clients potentiels et sont très bien desservies par les autoroutes et le rail », explique Michel Savy, professeur à l’université Paris Est et auteur de Logistique et territoire (La Documentation française, 2006). Lille et le Nord ont également l’avantage d’être à mi-chemin pour qui veut approvisionner les pays du Benelux et la Grande-Bretagne. « C’est une des raisons pour lesquelles Amazon a construit un entrepôt de 90 000 mètres carrés à Lauwin-Planque, entre Lille et Douai », souligne Laurent Lamatière, consultant chez Arthur Loyd Logistique, un réseau de conseil en immobilier d’entreprise.

DES CHOIX RATIONNELS.

Cette optimisation géographique limite la tentation de faire jouer la concurrence entre territoires. « Les logisticiens sont rationnels. Ils choisissent d’abord en fonction de la position du lieu par rapport à leurs marchés. Nous en bénéficions », admet Raymond Feyssaguet, maire de Villefontaine et deuxième vice-président de la communauté d’agglomération Porte de l’Isère. À l’instar d’Ikea qui s’est installé sur 100 000 mètres carrés dans le parc international de Chesnes pour pouvoir desservir ses magasins du sud de l’Europe. Un avantage pour les uns, une faiblesse pour les autres. Une zone d’activité accueillante mais pas idéalement située peut avoir du mal à attirer. « Avant la crise de 2008, la construction d’entrepôts était une activité très spéculative, explique Laurent Lamatière. Les promoteurs construisaient « en blanc », sans avoir de client. » À leurs risques et périls. La zone d’activité de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) a ainsi attendu dix ans avant de louer toutes ses surfaces disponibles à Amazon, au printemps 2013, puis à Rhenus en juillet 2014. D’autres critères participent aussi à la prise de décision. « Le prix des terrains ou de la location et les services associés à une zone industrielle, comme la restauration, sont pris en compte », affirme Hugues de Beaupuy, secrétaire général du syndicat mixte de la Plaine de l’Ain, chargé de l’aménagement du parc industriel local, à 35 kilomètres à l’est de Lyon. Des points sur lesquels les entreprises cherchent à négocier des rabais ou des avantages particuliers. « On tient sur le prix des terrains car nous sommes bien placés, affirme le dirigeant. Mais on en rajoute sur la réactivité et l’accompagnement du permis de construire pour remporter la mise. » Les caractéristiques du produit, des clients ou des fournisseurs entrent aussi en jeu. « Les entreprises ne sont pas à quelques kilomètres près. Pour des téléphones portables, elles choisissent une zone d’activité sécurisée. Pour des jus de fruits, des locaux spacieux. Pour des pièces détachées, une certaine proximité avec les fournisseurs afin d’assurer un approvisionnement régulier », détaille Laurent Lamatière.

Autre notion importante, celle de bassin d’emploi. Installer un entrepôt en pleine campagne ne facilite pas la gestion des ressources humaines. Il faut non seulement trouver des salariés, mais également pouvoir compter sur des intérimaires en périodes d’activité haute. Or les rémunérations des préparateurs de commandes (75 % des salariés dans un entrepôt) ou des caristes ne sont pas très élevées. « Si les coûts de transport pour se rendre au travail sont trop importants, il y a moins de volontaires. Surtout si les périodes de travail proposées ne durent que quelques semaines. Les logisticiens font attention à la présence d’un bassin d’emploi suffisamment proche et flexible pour ne jamais manquer de main-d’œuvre », décrypte Hugues de Beaupuy.

RÉSEAU D’ÉCHANGES LOCAL.

Sans surprise, la présence sur place d’agences d’intérim est particulièrement appréciée. Le nec plus ultra ? L’existence d’une structure d’animation spécialisée, à l’image du Pôle d’intelligence logistique Europe du Sud (Pil’es), une association soutenue par la chambre de commerce et d’industrie du nord de l’Isère. « C’est un réseau d’échanges directement créé par les logisticiens et les industriels. Il réunit une centaine d’adhérents et 350 professionnels sur plusieurs zones d’activité de la région Rhône-Alpes et couvre 2 millions de mètres carrés d’entrepôts », indique sa déléguée générale, Claire Ribouillard. « L’association facilite les échanges entre responsables de site ou des ressources humaines. On se recommande des intérimaires, on s’informe sur les problèmes de sécurité rencontrés par les uns ou les autres, on développe des formations communes pour les salariés », précise Thomas Daudré-Vignier, de Conforama. La structure donne également du poids à l’égard des autorités locales. Exemple : l’ouverture prochaine d’une ligne d’autobus qui desservira la zone d’activité.

Rassemblés ou non en association, les logisticiens aiment à se regrouper dans une zone d’activité. Histoire de profiter d’intérimaires opérationnels, formés par les voisins. Mais également de bénéficier d’échanges de services. Comme mutualiser des camions qui partiraient sinon à moitié vides. Ou sous-louer un entrepôt pendant une période de surcroît d’activité, lorsque le voisin a une saisonnalité décalée. Ce besoin de souplesse explique également que les spécialistes de la logistique, tels Norbert Dentressangle, Kuehne + Nagel ou ID Logistics, n’investissent pas dans les mètres carrés. « Très souvent, les contrats sont fixés pour trois ans. Plutôt que d’investir dans un entrepôt, nous préférons louer auprès d’un spécialiste de l’immobilier pour pouvoir faire évoluer notre capacité de stockage au fur et à mesure du développement de nos clients », indique Vincent Daudier, directeur de la plate-forme logistique chez Norbert Dentressangle. De quoi alimenter régulièrement l’édification de nouveaux entrepôts.

38 millions

de mètres carrés, c’est la surface qu’occupent dans l’Hexagone les entrepôts de plus de 5 000 mètres carrés.

18 500 m2

C’est la surface moyenne des entrepôts.

Source : Afilog.

Auteur

  • Éric Béal