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Le bloc-notes

La « Gameboy generation »

Le bloc-notes | publié le : 01.11.2000 | Bernard Brunhes

E-DRH. Les marchés financiers ont inventé l'expression « nouvelle économie ». Pour eux cela désigne l'ensemble des valeurs qui représentent des entreprises du secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication, le monde du Nasdaq ; ces valeurs qui faisaient s'envoler les Bourses ou les font maintenant mordre la poussière. L'expression, commode, a fait florès. Aujourd'hui on parle nouvelle économie dès qu'il y a quelque part un ordinateur branché sur Internet ou un téléphone cellulaire.

Toutes les entreprises, nolens, volens, doivent s'y mettre. Sans trop savoir pourquoi, pour faire comme tout le monde, on s'équipe et l'on se branche. Les plus de 45 ans s'y mettent pour ne pas perdre le fil ou la face. Les 30-45 ans s'amusent en découvrant derrière les écrans couleur et les inventions quotidiennes des sites Web de quoi se distraire en travaillant. Mais pour les plus jeunes, pour la Gameboy generation, c'est d'autre chose qu'il s'agit. C'est la suite logique, dans le travail, de ce qu'ils ont connu dans leurs loisirs d'enfants ou d'adolescents.

C'est ainsi que se met en place un nouveau management des entreprises. Poussés par une jeunesse tombée enfant dans le numérisé, les dirigeants et les cadres chenus doivent s'y mettre. Or la mise en œuvre d'une messagerie, d'un réseau intranet et des outils qu'il permet de développer n'est pas chose simple. Techniquement, il n'y a pas de problème. Ce n'est même pas très coûteux. Mais le management de l'entreprise se transforme.

La communication instantanée tous azimuts au sein de l'entreprise n'est pas sans effet sur sa gestion. On en connaît les risques : courts-circuits, perte de temps des cadres qui passent une grande partie de leur journée de travail à lire et à traiter leurs e-mails (leurs courriels, parlons québécois), invasion de la vie familiale à travers les PC portables branchés sur Internet, zapping permanent du salarié poursuivi par ses messages.

L'utilisation d'un intranet dans les groupwares, les forums et autres chats peut être la meilleure des innovations dans notre société de la connaissance : ces méthodes permettent de créer et d'innover collectivement. Mais cela ne se met pas en place aussi facilement qu'on pourrait l'imaginer. L'intrusion brutale de ces nouveaux modes de communication et de travail en commun bouleverse, sans crier gare, la vie de l'entreprise.

Derrière les mots knowledge management ou workflow, il y a un peu plus que des anglicismes à la mode, à condition de ne pas se laisser dépasser par le bruit de l'information morcelée et dénuée de sens.

Entre la Gameboy generation qui nage naturellement dans ce nouvel environnement et les anciens aujourd'hui aux commandes qui hésitent entre fascination et scepticisme, c'est un nouveau mode de management des ressources qui se dessine.

Salut à Martine. Une chronique sociale en cet automne 2000 ne peut passer sous silence le départ de Martine Aubry.

Chacun jugera à son propre baromètre le bilan de ces trois ans d'action sur le travail, l'emploi et la protection sociale, mais nul ne pourra contester que c'est une ministre exceptionnelle qui s'en va.

Aucun ministre depuis des décennies n'aura autant marqué ce département. Le haut niveau de popularité dans les sondages contraste avec la vigueur des protestations patronales sur les 35 heures : tant de passion est la marque d'une forte personnalité et d'une action politique percutante.

C'est surtout dans le domaine de la politique de la santé que Martine Aubry aura manqué de temps. Mais là aussi elle a laissé sa marque.

Unedic : en attendant le prochain épisode. Avec son départ du gouvernement, le feuilleton de l'Unedic marque un temps d'arrêt. Un temps d'arrêt seulement, car les problèmes de fond ne sont pas réglés. La France a du mal à entrer à fond dans une logique d'activation des dépenses passives dans sa politique de l'emploi. Elle risque, si elle n'y prend garde, de s'enfoncer dans un système à deux vitesses où coexistent un marché du travail dynamique pour les « insiders » et une exclusion assistée pour les « outsiders » malchanceux.

Auteur

  • Bernard Brunhes