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Sans faire de bruit, Force ouvrière trace sa route

Actu | À suivre | publié le : 02.02.2015 | Stéphane Béchaux

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Sans faire de bruit, Force ouvrière trace sa route

Crédit photo Stéphane Béchaux

Le 23e congrès de la CGT-FO s’annonce serein. Unie derrière Jean-Claude Mailly, la centrale affiche des résultats honorables.

Pied de nez de l’histoire, les instances confédérales de la CGT et de Force ouvrière sont invitées, à trois jours d’intervalle, à élire leur équipe dirigeante en ce début février. Le parallèle s’arrête là. Car si la première connaît, depuis trois ans, une lutte interne dévastatrice, la seconde bénéficie d’un climat très apaisé. Un calme prolongé Avenue du Maine qui doit beaucoup à Jean-Claude Mailly, son secrétaire général. Élu en 2004 à l’issue d’une bagarre interne avec Jean-Claude Mallet, le candidat des réformistes, le patron de Force ouvrière a su pacifier son organisation à force d’écoute et de dialogue. À tel point qu’aucune voix ne s’élève aujourd’hui dans la maison pour lui contester le droit d’exercer un quatrième mandat. À presque 62 ans, voilà donc le doyen des leaders syndicaux assuré d’une grand-messe sereine, conclue par une réélection dans un fauteuil.

Les 2 500 délégués attendus à Tours, du 2 au 6 février, pour le 23e congrès confédéral ne se priveront pas pour autant de donner de la voix. Non pas pour chahuter leurs dirigeants, mais pour conspuer tout à la fois l’exécutif socialiste, le patronat et la CFDT. Outre les critiques portant sur la loi Macron et sur les évolutions du dialogue social, les débats devraient s’attarder sur deux sujets de fond. Les retraites, tout d’abord. « Vous pouvez être sûr que la résolution finale comportera l’objectif d’un retour à la retraite à 60 ans. C’est de l’apparat, personne n’est dupe, mais il faut contenter tout le monde », pronostique un vieux briscard. Une habitude pour la centrale, qui a mis des années à renoncer au retour aux 37,5 années de cotisation pour tous ! Second sujet, l’appel à une grève interprofessionnelle. Un grand classique des rassemblements FO, qui pourrait cette fois-ci prospérer au-delà des rangs des militants trotskistes. « On a tout tenté pour se faire entendre du gouvernement. Sans succès. Il nous reste la grève inter professionnelle, qui peut marcher », plaide Dejan Terglav, numéro un de la Fédération générale des travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation et des tabacs (FGTA). Une structure pourtant classée parmi les plus aptes au compromis.

La confédération entend aussi profiter de son congrès pour remettre sur la table le dossier du développement syndical. Un défi majeur pour l’organisation qui, confrontée au papy-boom, peine à recruter et à fidéliser de jeunes militants. Au dire de Jean-Claude Mailly, la CGT-FO compterait aujourd’hui « autour de 500 000 adhérents, y compris les retraités ». Un chiffre impossible à vérifier : la centrale, qui n’a jamais fait la transparence sur ses effectifs, se refuse à mettre en place un circuit centralisé de collecte des cotisations. Un système qu’abhorrent ses fédérations, qui, jouissant d’une autonomie totale dans leur stratégie et leurs prises de position, veulent garder la main sur leurs finances.

C’est d’ailleurs tout le paradoxe de Force ouvrière. Avec sa structuration poussiéreuse dans les branches et les territoires, éclatée en de multiples chapelles, la confédération tire néanmoins son épingle du jeu sur la scène syndicale. Scrutin après scrutin, elle obtient des scores très honorables aux élections professionnelles, dans le public comme dans le privé. Alors même qu’elle s’est battue bec et ongles pour contester, sur le terrain juridique, la réforme de la représentativité de 2009. Dans le champ de la négociation collective, aussi, sa voix compte.

Signataire de textes majeurs – la récente convention d’assurance chômage, le dernier accord sur les régimes de retraite complémentaire –, la centrale sait aussi manifester fortement son opposition. Comme sur la réforme de la formation professionnelle ou la sécurisation de l’emploi. Conséquence, elle pèse dans les négos bien plus que la CGT, qui, incapable de prendre le stylo, s’est mise hors jeu. Des acquis qui laissent à Jean-Claude Mailly le champ libre pour préparer tranquillement sa succession.

Auteur

  • Stéphane Béchaux