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La baisse de l’euro est-elle favorable à l’emploi en France ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 02.02.2015 |

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La baisse de l’euro est-elle favorable à l’emploi en France ?

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Bruno Ducoudré : oui

L’année commence dans un environnement conjoncturel favorable à une reprise de l’économie française : baisse de l’euro et du prix du pétrole, montée en charge du CICE, baisse des cotisations patronales via le pacte de responsabilité. Parmi ces facteurs, la baisse de l’euro aura un effet appréciable de soutien à l’activité économique et aux créations d’emplois. Les effets d’une dépréciation de l’euro sont doubles et de sens inverse. Un euro faible augmente le prix des importations et la facture énergétique. Les entreprises répercutent en partie ces hausses dans leurs prix, et il s’ensuit une perte de pouvoir d’achat des ménages. Mais un euro faible diminue aussi le prix des exportations des entreprises françaises et les accroît. Et la dépréciation détériore la compétitivité des producteurs concurrents, ce qui provoque une baisse des importations à l’avantage de la production domestique et de l’emploi.

Ces effets opposés ne s’appliquent qu’au commerce hors zone euro. Néanmoins, l’accélération de la croissance chez nos partenaires favorise le commerce et l’activité au sein de la zone. Compte tenu de ces mécanismes, à l’OFCE, nous estimons qu’une dépréciation de 10 % de l’euro face à l’ensemble des monnaies entraîne un gain de compétitivité-prix à l’exportation pour la France vis-à-vis du reste du monde, avec un effet sur l’activité de 0,2 % la première année et de 0,5 % au bout de trois ans. Sur le marché du travail, une telle dépréciation entraînerait la création de 20 000 emplois la première année et de 77 000 au bout de trois ans. Ce soutien est bienvenu étant donné le niveau du chômage ; mais, à elle seule, la baisse de l’euro ne sera pas suffisante pour inverser la courbe du chômage en 2015, la croissance prévue (+ 1,1 %) étant trop faible pour cela.

Philippe Waechter : oui

Depuis le 11er trimestre 2011, l’économie française est à l’arrêt. Sa croissance est simplement de 0,4 % en moyenne annuelle depuis cette date. C’est très insuffisant pour créer de l’emploi. La dynamique interne portée par la consommation des ménages et l’investissement n’est pas suffisamment robuste pour infléchir durablement la trajectoire de l’activité. La politique économique, qu’elle concerne la consommation (moindres contraintes sur l’épargne salariale en 2013) ou l’investissement (CICE en 2014), n’a pas pu non plus changer le profil de l’activité. Ce profil s’observe aussi à l’échelle de la zone euro. L’idée de la baisse de l’euro par la Banque centrale européenne est de créer une impulsion pour faire converger l’économie vers une trajectoire plus élevée. Ce qui ne peut être fait de façon endogène doit l’être via un choc exogène. L’amélioration de la compétitivité-prix profitera à la zone. Pour la France, en raison d’une technicité moyenne des produits, l’effet prix est généralement important. Il provoquera une amélioration de l’activité, puis de l’emploi dans un second temps.

Mais la dynamique ne s’arrête pas là. La hausse des exportations vers le reste du monde concernera l’ensemble de la zone. Chaque pays tirera parti de cette impulsion. En raison des échanges intenses entre les pays de la zone, il y aura un effet de contagion d’un pays à l’autre. L’effet sera supérieur à celui spécifique à tel ou tel pays. Dès lors, le cycle sera plus homogène, favorisant l’activité et l’emploi. L’effet sera ainsi vertueux sur les comportements et se prolongera en 2016. La zone euro est à l’arrêt, la France est à l’arrêt, il faut créer une impulsion pour changer leur trajectoire. La baisse de l’euro le fera et la baisse du prix du pétrole accentuera cette dynamique.

POUR EN SAVOIR PLUS

Baisse de l’euro et désinflation compétitive, quel pays en profitera le plus ? Revue 136 de l’OFCE, octobre 2014

www.ofce.sciences-po.fr/publications/revue136

L’euro dans la « guerre des monnaies », note du Conseil d’analyse économique, janvier 2014

www.cae-eco.fr/IMG/pdf/cae-note011-2.pdf