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Le Royaume-Uni prône l’activité à tout-va

À la une | publié le : 02.02.2015 | Tristan de Bourbon

Cameron met la pression sur les chômeurs. Efficace. Mais les Britanniques le paient cher.

L’ambiance n’est guère à l’optimisme au Royaume-Uni en ce début 2015. Les grèves se sont multipliées ces derniers mois dans le secteur public, touchant aussi bien le corps médical que les transports ou l’éducation. Pendant ce temps, la grande distribution, baromètre du pouvoir d’achat des ménages, enchaîne les mauvais trimestres de ventes. Et les sondages confirment le rejet de la politique menée par le gouvernement. Pourtant, le Royaume-Uni n’est plus, au regard des statistiques, le grand malade de l’Europe. Le chômage est descendu à 6 % de la population active en octobre après avoir atteint 8,4 % en décembre 2011, et 30,8 millions de Britanniques sont classés comme travail leurs, un record historique. Enfin, la croissance du PIB a dépassé les 3 % en 2014, soit la meilleure performance des pays du G7.

La grogne des Britanniques est bien compréhensible : ils ne perçoivent pas les bénéfices de ces signes positifs. Au contraire. « Alors que les coupes salariales et la baisse du niveau de vie étaient jusqu’ici réservées aux ouvriers, les employés de bureau, même de haut niveau, sont désormais concernés », explique Frances O’Grady, secrétaire générale du Trades Union Congress, le premier syndicat du pays. Signe du ras-le-bol : la première grève des sages-femmes, en cent trente-trois ans d’existence… Les revenus moyens n’ont progressé que de 8 % depuis début 2008 alors que l’inflation a bondi de 17,5 %. De quoi faire monter au créneau le très volubile ministre libéral démocrate du Commerce, Vince Cable : « Nous ne voulons pas reproduire l’expérience américaine, où, sur une décennie, les salaires ont stagné, même en période de croissance. »

Le pays prend pourtant ce pas. Depuis son élection en mai 2010, la coalition gouvernementale rassemblant le Parti conservateur de David Cameron et les libéraux démocrates de Nick Clegg a placé la flexibilité au centre de sa stratégie. Ses bons résultats ont ainsi surtout été obtenus grâce à la progression du nombre d’employés à temps partiel ou de temporaires désireux de trouver un temps plein. Ils sont passés de 1,1 million en 2008 à 2 millions aujourd’hui. Exemple le plus marquant, l’utilisation en forte augmentation du contrat zéro heure, qui concerne 1,4 million de Britanniques (4,3 % de la population active). Quant à l’accroissement du nombre de personnes classées comme employées à temps plein (+ 400 000), il s’explique surtout par l’essor d’une autre catégorie d’employés flexibles, les autoentrepreneurs.

ALLOCATIONS PLAFONNÉES

Le gouvernement opère sur plusieurs fronts pour stimuler l’emploi. Persuadé que les allocations sociales créent des générations de « profiteurs », le ministre du Travail, Iain Duncan Smith, a plafonné le montant total des allocations hebdomadaires. Depuis mai 2013, plus aucune famille ne reçoit plus de 500 livres (640 euros, soit 2 560 euros par mois), aides au logement incluses. La mesure n’a affecté que 17 000 foyers, mais, selon l’Institut des études fiscales, elle a sans doute poussé les membres des familles les plus touchées à travailler.

L’exécutif a aussi beaucoup mis l’accent sur l’apprentissage. Ses dépenses en la matière ont crû de 30 % entre le dernier budget travailliste de 2010-2011, qui l’avait déjà fortement relevé, et celui de l’année 2013-2014, pour atteindre 1,9 milliard d’euros. Au cours du dernier exercice, 440 400 personnes ont ainsi entamé un apprentissage (en hausse de 42,5 % en trois ans). Et pour cause : les employeurs peuvent toucher 1 900 euros et se faire rembourser l’intégralité des frais de formation de leurs apprentis. Reste à apprécier l’effet durable de cette mesure. Ou d’aubaine…

Auteur

  • Tristan de Bourbon