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Idées

Croissance en L

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.12.2014 | Dominique-Jean Chertier

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Croissance en L

Crédit photo Dominique-Jean Chertier

La crise en forme

Été 2007 : la plupart des économistes s’accordaient pour affirmer que nous étions entrés dans une crise gravissime. Par contre, peu s’entendaient sur la forme qu’elle prendrait, et si cette forme serait la même dans tous les pays. Certains optimistes pensaient qu’elle ressemblerait à un V. D’autres, préservant leur réputation, qu’elle aurait celle d’un U. Des confrères jetaient le trouble en affirmant que ce serait un W. Les plus pessimistes, se référant à l’histoire récente du Japon, optaient pour un profil en racine carrée. En fait, toutes les formes ont été, depuis sept ans, appliquées par les différents pays. Le nôtre s’est, hélas, singularisé en choisissant un profil en L. Dont on ne connaît pas encore la longueur de la barre horizontale. On risque en effet de continuer à détruire des emplois, car les sureffectifs se comptent encore par dizaines de milliers. L’électroencéphalogramme économique reste plat, la société au bord de la dépression nerveuse.

Capital et travail

Tout va mal, mais pas partout et pas pour tous. Le cru 2014 puis celui de 2015 seront d’excellents millésimes pour les dividendes. Plus de 10 % de mieux que l’année précédente. Ces chiffres valent pour le monde­entier, mais les grandes entreprises françaises cotées en Bourse ne devraient pas faire exception à la règle. Au moment où le législateur envisage d’abroger la prime, mal ficelée, de partage des profits, mais alors que la nécessaire réforme de l’épargne salariale ne sera pas encore effective, on peut prédire quelques beaux débats au printemps sur l’équilibre capital-travail. Et souhaiter bon courage à tous les négociateurs des augmentations générales de salaire dans les grandes entreprises !

Au secours, la com !

Un conflit social catégoriel mal emmanché et voilà que des communicants suggèrent d’organiser une manifestation en uniformes recouverts de marinières : l’effet fut grotesque. Une contribution généreuse à la relance de l’artisanat du bâtiment sous forme de remise à neuf d’un logement de fonction, et voilà que l’on sent la patte d’une cellule de communication de crise : on promet de faire toute la lumière sur un dossier qui avait échappé à la sagacité des responsables. On chasse les forcément coupables pour sauver l’institution. Un ministre a l’honnêteté de reconnaître enfin que les choses vont mal et qu’on est collectivement en échec, et on lui tombe dessus en criant qu’il ne sait pas tenir sa langue, c’est-à-dire faire de la langue de bois. Quand dira-t-on que la forme ne peut tenir lieu de fond ?

La com au secours

Si la communication prend une place excessive, elle serait pourtant bienvenue pour expliquer où nous en sommes de toutes les réformes promises, de toutes les négociations engagées, de toutes les pistes abandonnées. Qu’en est-il de la mise en œuvre du pacte de responsabilité, de la réforme du RSA et de sa fusion avec la prime pour l’emploi, de la correction des erreurs commises contre l’emploi à domicile, de la réforme du régime des intermittents du spectacle qui continue d’épuiser la générosité du privé sans jamais solliciter celle des fonctionnaires ? En entreprise, lorsqu’un projet est engagé, il est d’usage d’en suivre la mise en place sous forme de tableau de bord, et de prendre, si nécessaire, les mesures correctrices en cas de dérapage. Quand cette saine pratique s’appliquera-t-elle aux mesures publiques, qu’elles soient initiées par l’État ou par les partenaires sociaux ?

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier