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Édito

Le changement, c’est tout le temps

Édito | publié le : 04.11.2014 | Stéphane Béchaux

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Le changement, c’est tout le temps

Crédit photo Stéphane Béchaux

Si c’est dans la tempête qu’on juge de la valeur des dirigeants, il y a de quoi s’inquiéter pour la France. Vraiment. Car le pays ressemble de plus en plus à un bateau ivre, sans cap ni pilote. Les derniers débats sur l’assurance chômage en témoignent. Voilà donc un tout neuf ministre de l’Économie, soutenu par un presque aussi neuf Premier ministre, qui, subitement, découvre que l’Unedic vit au-dessus de ses moyens. Et que sa dette abyssale – 21,4 milliards d’euros en fin d’année – nécessite de revoir en urgence les règles d’indemnisation. Sur le papier, Emmanuel Macron et Manuel Valls n’ont pas tort. Mais auraient-ils la gentillesse de nous expliquer pourquoi le débat n’a pas été posé voilà un an, lorsque les partenaires sociaux s’apprêtaient à renégocier la convention Unedic ? Plutôt que quelques jours après l’entrée en vigueur du texte, de surcroît agréé par l’État ?

À l’époque, au sein de l’exécutif, pas une voix ne réclamait une remise à plat du régime. Au contraire, il fallait surtout ne toucher à rien ! Un message répété à l’envi aux négociateurs, qui ont parfois écrit sous la dictée. Bien sûr, l’équipe gouvernementale a, depuis, été profondément remaniée. Mais puisque les hommes d’aujourd’hui se veulent beaucoup plus courageux que ceux d’hier, qu’ils le montrent ! Par exemple en s’attaquant aux déséquilibres du régime des intermittents, qui fait actuellement l’objet d’une concertation tripartite. Macron, Rebsamen, Valls, passez donc des paroles aux actes !

Dans cette histoire, les valses-hésitations ne sont pas seulement socialistes. Mais aussi patronales. Criant avec les loups, la CGPME et le Medef se sont empressés de faire savoir tout le mal qu’ils pensent de la convention Unedic. Celle-là même qu’ils ont signée, en mars dernier ! Pierre Gattaz, qui appelle inlassablement le gouvernement à faire preuve de « courage » et de « cohérence », pourrait peut-être s’appliquer ses bons conseils. L’accord négocié en mars n’allait pas assez loin dans la réduction du déficit ? Le courage, le vrai, eut été de le rejeter. Ce compromis était indispensable ? La cohérence voudrait alors de l’assumer. On savait la CGT capable de défendre après-coup des textes qu’elle n’a pas signés. On découvre un patronat lui aussi inconséquent, prêt à attaquer aujourd’hui les accords qu’il a paraphés hier.

Ce triste feuilleton montre les limites de la démocratie sociale à la française. Au moins en période de disette. À trop vouloir forcer les organisations syndicales et patronales à s’entendre, coûte que coûte, pour prendre des mesures difficiles, les gouvernements croient possible de préserver leur popularité. Une erreur. Ces négociations sous pression débouchent sur de mauvais compromis qui, finalement, n’engagent personne, ou presque. En temps de crise, le courage ne se délègue pas…

Auteur

  • Stéphane Béchaux