Le secteur de la finance n’échappe pas à la vague collaborative. Avec des plates-formes comme Ulule, KissKissBankBank ou MyMajorCompany, le particulier peut contribuer directement au financement d’un projet, sans passer par son banquier. « Mais inutile d’attendre de contrepartie financière sur ces plates-formes. Nous sommes bien dans un système participatif. Selon le niveau d’investissement du particulier, celui-ci aura droit, par exemple, à une invitation à l’avant-première d’un film qu’il a soutenu ou à une journée sur le tournage », explique Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’Ulule. En quatre ans, le site de crowdfunding a financé 6 000 projets à hauteur de 20 millions d’euros.

Même le crédit devient participatif. Créée il y a deux ans et demi, la plate-forme Prêt d’union a déjà financé 100 millions d’euros de crédits. Le principe est simple : mettre en relation des particuliers « emprunteurs » et des investisseurs « prêteurs » qui peuvent, eux, être des individus, des entreprises ou des fondations. « Nous jouons le rôle de tiers de confiance, explique Charles Egly, le cofondateur. Nous devons donc nous montrer plus exigeants qu’un acteur tra ditionnel sur les critères d’acceptation d’un crédit. » En clair, le particulier doit montrer patte blanche avec la copie de son contrat de travail à durée indéter minée et ses relevés de compte bancaire… L’intérimaire, l’autoentrepreneur ou le salarié en CDD sont, de fait, écartés de ces plates-formes.

Pour le moment, l’arrivée de ces nouveaux venus n’inquiète pas les acteurs traditionnels. Le secteur, extrêmement réglementé, oblige ces intermédiaires à s’adosser à des établissements ayant un agrément bancaire. Certains y mettent même des billes et cherchent la complémentarité. Crédit mutuel Arkéa et AG2R La Mondiale siègent, par exemple, au conseil d’administration de Prêt d’union, quand BNP Paribas est partenaire d’Ulule. « Nous sommes une usine pour des projets qui auront peut-être besoin de financements plus importants », décrypte Mathieu Maire du Poset. « Pour nos partenaires, la finance participative, c’est un peu un retour aux sources de l’esprit mutualiste », ajoute Charles Egly.

J’ai choisi d’aider le projet du Tank, dans le quartier de la Bastille, parce que je me sens concernée. Je suis consultante free-lance.

Ce bel endroit réinvente les espaces de coworking tels que je les connais. J’ai déjà financé une vingtaine de projets sur plusieurs plates-formes. Le financement participatif est hypervertueux. Même si je ne mets que 10 euros, je sais qu’ils auront un impact fort. C’est aussi ultracom munautaire. Je connais les porteurs des projets que je supporte. Quand j’ai pu visiter Le Tank en avant- première, je me suis sentie reconnue de façon exceptionnelle.