À Mulhouse, 11 jeunes viennent d’obtenir un double titre inédit. Un diplôme universitaire de l’Université de Haute-Alsace (UHA) assorti d’un certificat pro­fessionnel du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Pour l’acquérir, pas besoin de réussir aux examens. Le critère est tout autre : déterminer un projet de formation et avoir accompli les démarches pour le démarrer, ou avoir trouvé un emploi. Cela au terme d’un semestre d’enseignement à l’UHA et surtout au moyen d’une mission de service civique du choix de l’étudiant, accomplie au second semestre.

Lancé il y a un an, le programme Projet, orientation, solidarité s’attaque à la plaie du décrochage universitaire. Il cible les bacheliers dans le flou quant à leur orientation, les étudiants qui ont des difficultés en licence ou ceux qui ont déjà essayé plusieurs filières. « Nous sélectionnons des jeunes qui ont eu des difficultés liées à leur milieu social ou d’ordre personnel », précise Carole Schmitt, responsable du programme au Cnam Alsace. Les étudiants admis sont encadrés par des professeurs d’université, mais aussi des formateurs venant d’ateliers de pédagogie personnalisée, des représentants de missions loca­les et de l’association des Compagnons du devoir pour affiner leur projet d’orientation. Au total, une vingtaine de personnes mettent la main à la pâte pour moti­ver ces jeunes et les aider à retrouver confiance.

« Avant de reprendre une formation, ils doivent déterminer pour quel métier ils sont faits », explique Carole Schmitt. Maîtrise de la rédaction, bases en gestion, connaissance du monde de l’entreprise… Ces fondamentaux, nécessaires à l’insertion professionnelle, sont revus avec les étudiants de manière individualisée. Vient ensuite la mission de service civique, à l’issue de laquelle les étudiants doivent rédiger un rapport et faire une soutenance orale.

Cette forme d’insertion dans l’emploi serait un outil d’orientation particulièrement efficace, selon un sondage réalisé par TNS Sofres pour l’Agence du service civique. Au dire de 69 % des anciens volontaires, leur mission leur a permis de clarifier leur projet professionnel. Contrairement aux stages qui, sur ce point, ne convainquent que 24 % d’entre eux.

Attentive à la question du décrochage, l’université de Strasbourg avait mis en place, en 2012, un diplôme universitaire « tremplin réussite » similaire mais combiné à un stage en entreprise. Elle travaille désormais avec le Cnam Alsace sur ce nouveau modèle. À Mulhouse, l’expérience pilote enthousiasme. Son rythme s’accélère : une deuxième promotion de 24 étudiants vient de faire sa rentrée et une troisième est prévue dès le semestre prochain. Les résultats sont jugés satisfaisants : 11 étudiants sur 17 de la première promotion ont vu leur cursus validé, et la plupart ont choisi de poursuivre des études en accord avec leur projet professionnel.