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Idées

La France, un peuple fracturé

Idées | Livres | publié le : 03.10.2014 | J. M.

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La France, un peuple fracturé

Crédit photo J. M.

Son livre sur les « fractures françaises » était devenu un bréviaire des analystes de la société française qui conseillaient Nicolas Sarkozy. Christophe Guilluy y mettait l’accent sur cette nouvelle France péri­urbaine où se concentrait le maximum de malaise social et à laquelle les politiques accordaient le moins d’attention. C’est sur un ton beaucoup plus militant qu’il revient sur « cette “France périphérique”, invisible et oubliée, où vit désormais la majorité de la population ». Pour bien comprendre la sin­gularité de la situation actuelle, il faut abandonner le concept de « classe moyenne », lequel a surtout pour fonction de « légitimer des choix économiques et sociétaux au nom d’une majorité imaginaire ».

Sans conteste, la mondialisation a plutôt profité à nos métropoles. Elle les a dynamisées. Mais elle les a aussi rendues très inégalitaires, chassant une grande partie des ménages modestes à la périphérie, et transformant certains centres-villes en ghettos de riches. Ces métropoles sont toutefois l’arbre qui cache la forêt : la France des ZUS, des plans sociaux, de l’abstention et du vote FN… Moyennant quoi les nouvelles lignes de fractures « se creusent d’abord entre des couches supé­rieures intégrées et des couches populaires ».

Pour Guilluy, cette évolution fait peser une menace mortelle sur le PS, parti des classes moyennes. À l’inverse, ce mouvement sociétal fait monter presque mécaniquement les populismes. Les partis extrémistes se nourrissent de ces populations fragilisées et lais­sées pour compte par les élites politiques. D’autant que pour elles, face à l’intensification des flux migratoires, l’insécurité sociale se double d’une insécurité culturelle. Trois catégories de Français se côtoient en s’ignorant : les catégories populaires dans le périurbain, les catégories récemment immigrées dans les quartiers de logements sociaux et les catégories supérieures dans le parc privé. Le risque est réel, prévient l’auteur, que cette cohabitation vire au conflit ouvert.

Auteur

  • J. M.