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Idées

Dans l’enfer de l’open space

Idées | Culture | publié le : 03.10.2014 | A. F.

Mathilda May nous sert une magnifique fresque sur le monde du travail, aussi burlesque que tragique. Et sans texte.

À voir les bureaux sur la vaste scène du Théâtre du Rond-Point, on est bien loin des 6 mètres carrés par tête auxquels sont contraints trop de salariés entassés en open space au nom de la réduction du coût de l’immobilier (voir page 62) ! Mais personne ne fera l’affront du pointillisme à Mathilda May, qui se révèle une excellente auteure et metteuse en scène dans l’inattendu Open Space, écrit en solo. Plus qu’une critique des désagréments (bruit, promiscuité, travail émietté) de ce qui devient une norme d’aménagement dans le tertiaire, la comédienne nous sert une fresque sur le monde du travail, les ambitions et les fantasmes, les haines et les amitiés qui s’y jouent. Sans qu’un mot soit prononcé !

N’entendre que des borborygmes dans la bouche de six employés, avec qui nous vivons une journée de boulot, importe peu. Tant on discerne vite la petite musique de chacun : la vamp qui fait claquer ses talons, l’inhibée tout en retenue, la business woman en chiffres, le beau gosse étalant sa décontraction ou le dépressif que personne ne regarde. Ici, le langage est chorégraphique et musical, soutenu par une bande-son millimétrée et audacieuse. Elle s’emballe pour montrer le déchaînement des passions, ralentit pour attirer l’attention sur l’un. Réussir à plonger dans l’intimité de chacun, malgré l’open space, c’est la grande réussite de cette pièce, aussi burlesque que tragique.

Open Space (1 h 30), de Mathilda May. Jusqu’au 19 octobre au Théâtre du Rond-Point, Paris VIIIe.

Auteur

  • A. F.