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Idées

Immobilisme ou mobilisation générale ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.09.2014 | Catherine Barbaroux

« Drôle » de rentrée ?

Comme il y eut la « drôle de guerre » en septembre 1939, tant bien que mal la rentrée se profile, menaçante pour les uns, atone pour les autres. Elle arrive sans que l’été ait été meurtrier, ni pour les festivals, malgré la mobilisation soutenue des intermittents, ni pour la troisième conférence sociale, malgré le boycott poli de deux participants clés, ni pour le pacte de responsabilité, malgré le peu d’enthousiasme qu’il continue de susciter. Pas de bonnes nouvelles quant aux chiffres du chômage mais pas de nouveaux drames non plus sur le front des plans sociaux. Une dégringolade des contrats d’apprentissage, mais l’attente (une fois de plus ?) d’une négociation tripartite en septembre pour enrayer cet effondrement. Des données sur la croissance et les déficits qui témoignent d’une asthénie chronique, mais l’espoir aussi que la nouvelle Commission européenne concoctera une potion sinon magique, du moins survitaminée. Tout se passe comme si la France s’adaptait à la crise : ce qui va bien prospère, ce qui va mal s’installe. Ici ou là, quelques flambées de violence ou d’indignation rappellent que la situation est injuste et instable, mais les solidarités familiales et citoyennes prennent le relais.

« La France s’engage »

L’année 2014 a retenu comme grande cause « l’engagement ». D’où l’implication de l’Élysée, portée activement par la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports à travers une démarche dans la durée, « La France s’engage » (site Internet, appel à projets…), en faveur de l’innovation sociale et de l’appui aux initiatives (principalement associatives) permettant de valoriser et de soutenir financièrement des actions qui apportent des réponses différentes à la crise. Deux idées sous-jacentes irriguent ce projet : montrer que la société civile est capable de produire des réponses économiquement viables en même temps qu’à forte valeur ajoutée sociale ; démontrer aussi que l’administration peut entrer dans la culture du « oui » et ne pas paramétrer tous les dispositifs sans laisser de marges de manœuvre aux acteurs et aux partenariats avec les entreprises ou les territoires. Le pari est bien de faire franchir une étape aux uns et aux autres, dans le même esprit que la loi sur l’économie sociale et solidaire qui a été promulguée le 31 juillet.

L’esprit de Jaurès

Tous les commentateurs ont été frappés par l’œcuménisme politique qui a entouré le centenaire de la mort de Jaurès et aussi des coïncidences de calendrier avec la « mobilisation générale » du lendemain revendiquée comme toujours nécessaire cent ans après pour s’adapter au monde tel qu’il change. Nous allons avoir deux tests « grandeur nature » sur la mobilisation générale en faveur des réformes, avec la suite de la discussion sur la réforme territoriale et la discussion du projet de loi sur la transition énergétique. Manuel Valls a déclaré prudemment à propos de la refonte des régions qu’une « réforme qui ne fait pas de mécontents n’est pas une réforme » ! Soit. Pour autant, l’inverse n’est pas acceptable non plus. Comme pour le pacte de responsabilité, il ne faudrait pas que les réformes ne fassent pas de satisfaits, car on pourrait douter de leur crédibilité ou de leurs effets. C’est bien toute la difficulté, et le pari, qu’il y a pour sortir de l’immobilisme et oser aller de l’avant.

Auteur

  • Catherine Barbaroux