L’ancien locataire de la Rue de Grenelle se dépeint en chef de guerre contre le chômage.
L’exercice est délicat : encore ministre du Travail, Michel Sapin a voulu partager les réflexions qui ont orienté son action et ont été inspirées par elle. Balayant la critique inévitable : n’avait-il pas autre chose à faire qu’écrire un livre ? Le nouveau ministre des Finances n’a pas d’états d’âme : « Coucher sur le papier ce que l’on fait et ce que l’on veut faire conduit à se poser des questions fondamentales », soutient-il. Aussitôt arrivé, son combat, c’est le chômage de masse qui frappe la France depuis une quarantaine d’années.
Bien évidemment, Michel Sapin revient longuement sur l’épisode de l’« inversion de la courbe du chômage » ratée. Le chapitre, intitulé drôlement « Les courberies de Sapin », est scandé par les statistiques mensuelles tandis que l’auteur se présente en chef de guerre contre le chômage lançant ses armées dénommées « emplois d’avenir », « filières », « CICE », « contrats de génération ».
Malgré l’importance de cette bataille perdue, le « héros » du livre a pour nom « dialogue social ». Pour l’ex-ministre du Travail, l’accord de janvier 2013 sur la sécurisation de l’emploi vient mettre fin à un long hiver qui a duré près de trente ans. « J’ai l’intime conviction qu’il y a des forces éclairées dans notre pays, prêtes à aller au-delà du conflit stérile et de la provocation. La société française est prête, mûre, bien plus avancée que certains voudraient nous le faire croire. » Toutes les négociations de ce début de quinquennat sont revisitées par leur initiateur, y compris celle sur la formation professionnelle, présentée sous un jour excessivement favorable. Le livre se conclut sur un plaidoyer pour « un ministère fort ». Ce qui dépendra un peu du ministre des Finances qu’il est devenu aujourd’hui.
L’Écume et l’océan. Chronique d’un ministre du travail par gros temps, Michel Sapin. Éditions Flammarion.280 pages, 19 euros.