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Visioconférence à tous les étages

Dossier | publié le : 05.05.2014 | R. L. S.

Portées par les restrictions budgétaires, les nouvelles technologies facilitant les réunions à distance ont la faveur des entreprises, surtout des multinationales. Et les télétravailleurs ne sont pas oubliés.

Les équipes d’Accenture en France, en Irlande et au Portugal sont ré unies autour d’une même table… mais chacune dans son pays. Les salles de téléprésence, les Rolls-Royce de la visioconférence, font leur apparition dans les grandes multinationales. Sur un demi-arc de cercle, les collaborateurs sont présents physiquement. Derrière eux, sur le mur, un écriteau « Accenture Paris ». En face, deux écrans configurés de telle manière qu’on a l’impression que les collaborateurs de Lisbonne et de Dublin, qui sont dans un décor similaire, avec une inscription identique dans leur dos, sont réellement attablés. D’une pierre deux coups, le groupe de conseil réalise des économies de billets d’avion et permet à ses cadres de ne pas passer leur vie entre deux aéroports, toute la semaine hors de la maison. En tout, le groupe a acquis une centaine de ces dispositifs depuis 2008 pour faciliter les échanges avec les équipes dispersées dans le monde.

Retour sur investissement

« Je l’utilise pour réaliser des recrutements à l’international, témoigne Marc Thiollier, directeur général d’Accenture France. Une interaction par téléphone ne suffit pas dans ce cas, j’ai besoin d’être attentif au moindre froncement de sourcil. » L’image est ultranette, le son parfait. Et donc réservé aux grandes occasions. Car l’installation reste coûteuse et dépend d’une bande passante réseau de qualité, mais « le retour sur investissement s’effectue en quelques mois, compte tenu des économies de transport réalisées », précise le DG. L’argument clé pour les entreprises, même si elles mettent aussi en avant leur volonté de réduire l’impact carbone des salariés pour justifier la croissance en équipements de visioconférence… Depuis 2007, celui des employés du groupe à l’échelle mondiale a diminué de 30 %. D’ailleurs, SFR évoque le même raisonnement : son siège flambant neuf à Saint-Denis compte également deux salles de téléprésence. Son voisin et concurrent Orange aussi en bénéficie. Avec une technicité plus modeste et à moindre coût : des salles de visioconférence classiques, avec un écran simple dans une salle de réunion.

Ces systèmes séduisent même les PME… Du moins celles du secteur des nouvelles technologies, comme Lyra Network, basé à Toulouse, qui compte 70 salariés en France et 120 en tout depuis son implantation en Allemagne, en Inde et au Brésil. Pour l’heure, il l’utilise uniquement pour intégrer davantage son équipe commerciale parisienne aux autres collaborateurs, en majorité installés dans la Ville rose. « Auparavant, les commerciaux ne bénéficiaient pas forcément des formations aux produits et on s’est rendu compte qu’ils n’étaient pas suffisamment informés alors qu’ils ont besoin d’une expertise pointue », se souvient Laure Laporte-Riou, responsable RH de la PME. Alors, depuis juin 2013, ils assistent aux formations de leur salle de visioconférence située dans la capitale. Les appels et les « mails où l’on en fait des tartines » sont remplacés par des réunions filmées. Les allers-retours Paris-Toulouse se font moins fréquents mais « la communication est meilleure », assure la RRH, qui envisage d’étendre le système à ses filiales à l’étranger.

Socialisation à distance

« Cela ne remplace pas le fait de se serrer la main ou de se taper sur l’épaule, mais les restrictions concernant les voyages sont arrivées bien avant le développement de la technologie. À présent, on peut mettre des visages sur des noms que l’on n’aurait pas eu l’occasion de voir autrement », sourit Marc Thiollier. Et même trinquer à distance. « Il est important de créer des moments de socialisation plus informels pour créer des liens de confiance entre les équipes, comme prendre le déjeuner ou le dîner, selon le décalage horaire, avec les collègues à l’autre bout de la terre », confirme Beatriz Arantes, psychologue spécialiste des émotions et de leurs interactions avec le travail et chercheuse au sein de Steelcase, qui commercialise du mobilier de bureau. Il existe même des « fenêtres café », c’est-à-dire des écrans fixes en connexion permanente qui permettent de « prendre une pause-café » avec les salariés de n’importe quelle filiale du groupe à l’étranger, quelle que soit l’heure.

Chez Accenture, un système de webcams circulaires installées dans des salles de réunion lambda permet aussi aux télétravailleurs de participer activement aux réunions. « Nous avons tous vécu des moments de conférences téléphoniques pendant lesquels nous étions frustrés parce que nous n’arrivions pas à intervenir quand nous le souhaitions, que nous avions l’impression de manquer une partie des informations du fait de ne pas voir qui parlait », constate Marc Thiollier. Un « sentiment d’impuissance » comblé par la technologie, selon Beatriz Arantes. « La communication est rendue difficile quand on ne peut pas voir. D’autant plus qu’au téléphone on peut être tenté de travailler en même temps. Il faut créer des espaces dédiés pour décourager le multitâche », assure-t-elle. Pour le quotidien, Accenture a tout simplement équipé 80 % de ses 3 500 collaborateurs en France, cadres et non cadres, d’un ordinateur portable, avec système de visioconférence classique intégré, de type Skype amélioré, et possibilité de commenter en direct des documents de travail ou de voter en live, pour un tour de table rapide qui n’oublie pas, là encore, les télétravailleurs. Chez SFR, on a opté pour le même système, jugé « plus convivial » que les conf calls. Alors, même quand on travaille à la maison, la grève du rasage ou du tailleur est risquée…

Skype, le logiciel de communication à distance, a fêté ses 10 ans en 2013.

Il compte 300 millions d’utilisateurs et génère

33 millions d’heures de conversation par jour.

72 % de l’ensemble du trafic vidéo sur le Web concerneront la visioconférence en 2016.

32 % des salariés aux États-Unis déclarent que leur bureau ne leur offre pas assez d’intimité pour faire des visioconférences en tête à tête, selon une enquête de Harris Interactive pour Steelcase.

(Enquête réalisée en 2012 auprès de 2 200 personnes de plus de 18 ans.)

Auteur

  • R. L. S.