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Forces tranquilles du social

Actu | Eux | publié le : 05.05.2014 | Emmanuelle Souffi

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Forces tranquilles du social

Crédit photo Emmanuelle Souffi

Ce matin du 3 avril, ce n’est pas le soleil qui leur fait plisser les yeux. Mais l’émotion. Celle d’une équipe qui passe le relais. Michel Sapin à Bercy, François Rebsamen Rue de Grenelle… Sur le perron du ministère du Travail, une page se tourne. Gilles Gateau, l’ex-directeur de cabinet, ne sait pas encore qu’il va atterrir à Matignon pour conseiller Manuel Valls sur les questions sociales. Nicolas Grivel, son adjoint, n’imagine pas non plus qu’il va prendre le bureau de son chef. Et pourtant, l’impératif de continuité sur des sujets nouveaux pour le Premier ministre et stratégiques pour la majorité l’impose. « Une évidence, confie un proche du président. Les partenaires sociaux aiment conserver le même mode opératoire. Si le dialogue social a aussi bien fonctionné depuis 2012, c’est grâce à cette organisation ramassée. »

Des emplois d’avenir aux contrats de génération, de la loi de sécurisation de l’emploi à celle sur la formation professionnelle, les deux hommes n’ont pas ménagé leur peine. Ils partagent la même vision de la chose publique. Malgré des parcours différents. Gilles Gateau est un habitué des cabinets ministériels. Conseiller technique auprès de Martine Aubry au ministère du Travail, il enchaîne avec Lionel Jospin à Matignon et se fait les dents sur les 35 heures. Passé par la fac seulement (il a un DEA en économie du travail), il chapeaute ensuite onze ans durant la GRH d’EDF, où il parfait son sens du compromis. « C’est un passionné du social, un bosseur avec qui on peut discuter librement quels que soient les désaccords. Il ne fait pas de coups dans le dos », dit Jean-Claude Mailly, le leader de FO. Devenu incontournable, le Lyonnais aurait pu suivre son ministre à Bercy. Mais il est des propositions qui ne se refusent pas. « Comme il y a plusieurs sortes de patrons, il y a plusieurs sortes de chefs de gouvernement, tranche le nouveau conseiller. Pour certains, le social sert à éviter les conflits. Pour d’autres, c’est un moyen de réformer et de construire. »

Passé par l’ENA et l’IEP de Paris, Nicolas Grivel pourrait, lui, avoir ce côté techno des hauts fonctionnaires. Mais ce natif d’un village lorrain, fils de travailleurs sociaux et petit-fils de maçon et de facteur, a gardé l’humilité de ceux qui ne viennent pas du sérail. « C’est une force tranquille, confie une amie de l’ENA. Il est dans la maîtrise totale de ses dossiers, sans affolement ni autoritarisme. » Doté d’une mémoire d’éléphant, ce trentenaire démarre comme inspecteur des affaires sociales puis part piloter la formation professionnelle à la région Ile-de-France. « Il est dans la gestion partenariale, pas dans les coups tordus. Il respecte la parole donnée », relève Emmanuelle Wargon, à la tête de la DGEFP, qui l’a recruté comme adjoint au secrétariat général aux affaires sociales.

Cet amateur de trail déteste la politique spectacle. « Un des travers des cabinets, c’est d’être focalisés sur la communication, la gestion dans l’urgence, regrette-t-il. Mais ici, on conduit de vraies réformes, avec des perspectives et une méthode : la conférence sociale. » Drogué à l’Orangina et aux Haribo, ce fan de foot a des convictions. À l’ENA, c’est un membre actif de la section CFDT. En 2007 et 2012, il abreuve les candidats Royal et Hollande de propositions qui seront reprises dans leurs programmes. « Ce qui l’intéresse, c’est de bâtir des politiques publiques », confie son amie de l’ENA. Avec Gilles Gateau à Matignon et Michel Sapin aux Finances, la Rue de Grenelle devrait peser lors des arbitrages. Entre le pacte de responsabilité et la lutte contre le chômage, ce ne sera pas de trop.

Gilles Gateau

Conseiller social de Manuel Valls à Matignon et directeur adjoint du cabinet (à gauche).

Nicolas Grivel

Directeur de cabinet de François Rebsamen, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social (à droite).

Auteur

  • Emmanuelle Souffi