- Christine, il est où le dossier Jalabert ? Christine, tu m’entends ? Allô ? Mais c’est quoi ce truc ? Un nouvel appendice ?!
- Arrête, c’est pas drôle… J’en peux plus de ce brouhaha permanent. Alors j’ai acheté un casque antibruit.
En plus, la direction a refusé de le faire passer en note de frais.
- Mais tu te rends compte qu’on ne peut plus échanger ?
On travaille en équipe ici. Et toutes ces piles autour de toi, tu peux pas faire un peu de tri ?
- Non, comme ça je ne vois pas Laurent. Ni Delphine. Ils me déconcentrent.
“L’open space ressemble à un petit village où les petits vieux observent ce qui se passe dans la rue à travers les persiennes.
Tout le monde surveille tout le monde. Tout le monde s’entend, se voit, s’épie. Des bruits de couloirs, des rumeurs, des réputations se construisent peu à peu.”
L’open space m’a tuer, Alexandre des Isnards et Thomas Zuber. Éditions Le Livre de poche, 2009.
Plus de place dans l’open space ? L’allemand König+Neurath a inventé le bureau valise ! Sur roulettes et modulable, il se déplie en deux coups de cuiller à pot. Équipé d’une connexion à Internet, d’étagères et d’un téléphone, il permet de s’isoler tout en étant à côté de son équipe. On le déplace au gré des besoins, et son 1,5 mètre de large sur 2 mètres de haut suffit à un travailleur nomade. EuraTechnologies, un parc d’activités à Lille, l’a déjà adopté.
17% des salariés occupant un emploi tertiaire évoluent dans un open space (+ 3 points entre 2012 et 2013). Et 38% dans un espace collectif de deux à quatre personnes.
56% des actifs travaillant en open space estiment que leur entreprise n’accorde pas assez d’importance à l’aménagement de leur espace de travail.
52% des salariés souffrent des nuisances sonores dues à leurs collègues, particulièrement dans les open spaces.
Source: Observatoire Actineo, 2013.
L’open space, c’est la plaie. Face aux complaintes des salariés - plus de la moitié partage l’espace de travail -, les entreprises tentent de les rendre plus cosy. Banquettes au milieu du plateau, Eco-Phone, bulles de détente, système d’insonorisation… Chez Groupama Logistique, le passage au « tout ouvert » s’est accompagné d’une sérieuse réflexion sur la convivialité. Idem chez Microsoft et Bouygues Telecom à Issyles-Moulineaux, chez Steelcase à Strasbourg ou chez Voyages SNCF à la Défense. Les espaces deviennent modulables et n’ont plus rien du hall de gare. Trop contre-productif !
Avec ses couloirs en enfilade et ses cubes plantés au milieu de nulle part, le film visionnaire de Jacques Tati sorti en 1967 s’apparente aujourd’hui encore à un cauchemar pour tout travailleur ! Là où les box étaient érigés en nouvel ordre social, les cloisons se sont abattues au fil du temps.
Mais pour survivre, chacun les recrée à sa manière.
