Virer un homo d’une boîte de préservatifs ? Trop risqué à notre époque du « politiquement correct ». Ex-psychologue d’entreprise, le voisin de palier de François Pignon voit juste quand il lui conseille, pour éviter le licenciement, de se faire passer pour un homosexuel. En faisant mine de sortir du placard, le comptable falot, jus qu’alors invisible aux yeux de ses collègues (Élie Semoun tout en retenue), sauve sa place et se découvre une tonne d’amis. Les uns intrigués par ce qu’ils devinent être un stratagème, les autres faisant mille contorsions pour masquer leurs préjugés, tel Félix Santini (excellent Laurent Gamelon), chef du personnel qui en impose par sa taille et sa bêtise.

On connaît le pitch du Placard, numéro cinq au box-office ciné 2001 (5 millions d’entrées). Treize an s après, la comédie de moeurs n’a pas pris une ride, à entendre les rires secouant chaque soir le Théâtre des Nouveautés, où Francis Veber la rejoue cinq mois. Rythme endiablé soutenu par un décor se pliant et se dépliant, casting de choc comprenant aussi Philippe Magnan ou Zoé Félix : les ingrédients sont là pour que le scénariste réussisse le pari inverse de ce qu’il a réussi avec le Dîner de cons ou l’Emmerdeur, succès de théâtre avant de l’être sur pellicule. Encore faudrait-il que la pièce tienne sur la longueur le niveau des duos Se moun-Gamelon, vraiment hilarants.

Le Placard, de Francis Veber. Jusqu’au 29 juin au Théâtre des Nouveautés, Paris IX^e.

A.F.