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Idées

Les révoltés d’Aulnay

Idées | Livres | publié le : 05.03.2014 | J. M.

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Les révoltés d’Aulnay

Crédit photo J. M.

Deux scènes ouvrent ce témoignage, écrit avec vivacité et émotion. La première, c’est celle de l’embauche, lorsque Ghislaine Tormos se présente à l’ANPE d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour participer à la « féminisation » des chaînes de PSA. Sa joie lorsqu’elle apprend qu’elle fait partie des 11 retenues sur les 180 candidates. Et puis la première prise de contact avec le site : « Les cinq prochaines années de ma vie, je vais les passer en compagnie de ces monstres froids et calculateurs, et je devrais me concentrer quatre cent vingt minutes par jour sur les mêmes gestes. »

La seconde scène se passe il y a quelques mois : Ghislaine, à qui ses copains disaient qu’elle entrait dans l’administration quand elle avait été embauchée par PSA, apprend que son usine va fermer. « Comment imaginer que cette usine, où nous avons tant investi de notre temps, de notre énergie, de notre santé, soit rayée de la carte d’un seul trait de plu­me » : elle l’imagine si peu facilement qu’elle va devenir une des « meneuses » de la résistance au plan de la direction.

« Gigi », comme on l’appelle alors, a rejoint le syndicat indépendant, à son arrivée à Aulnay, mais va faire cause commune dans la bataille. Son récit permet de mieux saisir comment, aussi rationnelle soit-elle du point de vue industriel, une telle décision est impossible à comprendre par ceux qui ont donné une partie de leur vie pour que cette usine tourne bien, et quel sentiment de solitude, d’abandon, s’empare d’eux face à tout le reste : la direction, les journalistes, les pouvoirs publics…

Écrit avec Francine Raymond, l’ouvrage colle totalement au point de vue cégétiste et apparaît bien souvent comme une critique « en creux » des autres syndicats, qui finalement ont signé, dixit Ghislaine, « l’accord de la honte », c’est-à-dire le PSE. Elle-même travaille désormais à Poissy, ce qui la force à se lever à 4 heures du matin. Le salaire de la vie…

Le Salaire de la vie, Ghislaine Tormos, avec Francine Raymond. Éditions Don Quichotte. 200 pages, 15 euros.

Auteur

  • J. M.