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Militants engagés au Front national

Actu | Eux | publié le : 05.03.2014 | A. F., E. S.

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Militants engagés au Front national

Crédit photo A. F., E. S.

Entre Marine Le Pen et son mandat de délégué syndical CFE-CGC, le cœur de Pascal Voirin ne balancera pas : le quinqua est prêt à tirer un trait sur sept années comme DSC chez STP, une filiale de La Poste. « Si on me demande de choisir, ce sera la politique ! » martèle la tête de liste Rassemblement bleu Marine (RBM) à Saint-Germain-lès-Arpajon, dans l’Essonne. « Après dix mois de porte-à-porte », l’agent de maîtrise a enfin trouvé le dernier de ses 29 colistiers. Mais personne ne lui demandera de choisir à la CFE-CGC. Contrairement à la CGT, la centrale des cadres n’exclut pas l’adhérent frontiste. À l’inverse de la CFDT ou de la CFTC, elle n’exige pas d’un DS Bleu Marine qu’il abandonne son mandat.

Pascal Voirin, d’ailleurs, n’a prévenu personne. Une photo le montrant au côté de Bruno Gollnisch, publiée fin 2013 dans le Parisien, s’en est chargée. Un choc pour ses collègues. « Mais personne ne m’a fait de remarque, même s’il y a plus de 60 % d’étrangers parmi les salariés de STP. Et, comme je n’ai jamais eu de souci de management avec mon équipe, ça coupe court à toute accusation de racisme », précise ce vieux sympathisant FN. Il l’était bien avant les 17,79 % de Jean-Marie Le Pen en 2002. Mais c’est la fille du père qui l’a convaincu de s’encarter : « Jean-Marie Le Pen détestait les syndicalistes ; Marine nous ouvre grand les portes du parti. On n’est plus dans le fantasme : elle a un discours apaisé mais de vérité sur les licenciements, la sécurité, l’Europe. »

Comme lui, ils seraient une centaine à se présenter aux municipales sous la flamme du FN, issus de la CGT, de la CFTC, de la CFE-CGC ou de FO… Difficile à vérifier : la plupart ne précisent pas, sur la liste, leur appartenance à une centrale. Numéro deux sur la liste RBM à Hayange (Moselle), Marie Di Giovanni-Da Silva, militante FO, ne se cache pas derrière son petit doigt. Pas le genre de cette assistante de rédaction, hier en première ligne pour défendre les hauts-fourneaux de Gandrange : « J’ai toujours voté à gauche mais ils m’ont tous déçue. Il faut que ça bouge et le FN est un parti comme les autres. » Pour autant, elle n’a pas pris sa carte. Comme s’y est refusé Alain Séris, ex-vice-président de la CGPME Moselle et candidat sur la liste RBM à Metz. Après avoir milité sur une liste d’extrême gauche aux municipales de 1995, puis MoDem en 2008, avant de se rallier au PS. « Être sur une liste RBM, ce n’est pas pareil qu’être au FN. Si j’avais vu un crâne rasé à la tête de la liste, j’aurais fait machine arrière ! » clame l’ex-imprimeur, révolté par « l’incapacité de la droite et de la gauche à résorber la misère. Ils veulent que rien ne change pour conserver leurs privilèges. Eux ont le ventre plein. Ce n’est pas le cas des retraités miséreux, des travailleurs pauvres, des chômeurs, des entrepreneurs qui croulent sous les charges… ». Lui n’est pas près d’oublier cette vieille femme gobant, en plein centre-ville, une saucisse dénichée dans une poubelle. Ce fut le déclic pour cet « idéaliste » qui, déjà en 1995, s’était détourné du Medef en créant l’Union interprofessionnelle des patrons afin de défendre 650 chefs d’entreprise en butte aux banques ou à leur propre direction. « Le Medef défend le CAC 40, pas le directeur d’usine. Il a oublié l’humain ! » estime toujours le sexagénaire qui veut aujourd’hui être le porte-voix des « petits ».

Pascal Voirin

Tête de liste RBM à Saint-Germain-lès-Arpajon.

DSC CFE-CGC chez STP (à gauche).

Marie Di Giovanni-Da Silva

Numéro deux sur la liste RBM à Hayange.

Élue FO chez ArcelorMittal.

Alain Séris

Candidat sur la liste RBM à Metz.

Président de l’Union interprofessionnelle des patrons, ex-vice-président de la CGPME Moselle, ancien conseiller du président Medef Moselle (à droite).

Auteur

  • A. F., E. S.