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Idées

Coincés à la porte de l’Europe

Idées | Culture | publié le : 03.02.2014 | Rozenn Le Saint

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Coincés à la porte de l’Europe

Crédit photo Rozenn Le Saint

Le film narre le quotidien des migrants parqués dans la ville espagnole de Ceuta, et leurs fantasmes sur l’Europe.

Quand Marius, Nur ou Iqbal téléphonent à leur famille, l’indicatif 0034 s’affiche. Au Cameroun, en Somalie, en Inde, leurs proches les imaginent enfin arrivés à destination, après leur terrible périple vers l’Europe. Or ils ne sont qu’au seuil de l’Eldorado, entassés au Ceti (Centre de séjour temporaire pour immigrants) de Ceuta, ville espagnole à statut autonome sur la côte nord du Maroc, où ils espèrent un laissez-passer. Pour tenir, ils ont besoin que leurs parents leur envoient quelques euros. « Ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas comprendre qu’ici, ce n’est pas l’Europe », témoigne Guy, le plus déprimé des cinq personnages suivis par Jonathan Millet et Loïc H. Rechi dans ce premier long-métrage documentaire réussi.

Les yeux scotchés sur le détroit de Gibraltar, Guy rêve d’évasion. Seul un bras de mer le sépare du rocher.Les appels aux proches, les longues promenades, les compagnons de misère… Les réalisateurs nous font partager la routine carcérale des migrants, forcés chaque nuit de rejoindre leur cellule au Ceti, mais libres en journée de circuler dans la ville-prison à ciel ouvert de 18 kilomètres carrés. Où, pour travailler (« parquer » ou laver les voitures d’Espagnols blasés), il faut se battre et faire valoir son ancienneté. Quinze jours ou cinq ans, ils n’ont aucune idée du temps qu’ils passeront à patienter dans cette « douce prison », avant d’être renvoyés, presque tous, dans leur pays. À la case départ.

Ceuta, douce prison (90 min), de Jonathan Millet et Loïc H. Rechi. Sortie le 29 janvier.

Auteur

  • Rozenn Le Saint