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Édito

Des emplois contre des milliards

Édito | publié le : 03.02.2014 | Jean-Paul Coulange

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Des emplois contre des milliards

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Le coût du travail a toujours donné lieu, dans l’Hexagone, à des débats aussi passionnés qu’interminables. On se souvient, il n’y a pas si longtemps encore, d’un dirigeant syndical, Jean-Claude Mailly, le numéro un de Force ouvrière, répondant aux revendications patronales qu’il n’y avait pas de problème de cette nature en France. On se souvient, aussi, de la polémique suscitée par la publication d’un rapport de l’institut COE-Rexecode mesurant – avant de corriger les chiffres à la baisse – un écart de 14 % de coût du travail entre la France et l’Allemagne, rien que pour la période 2000 à 2007.

Pendant sa campagne, François Hollande lui-même attribuait essentiellement le déficit de compétitivité des entreprises françaises à leur taille insuffisante ou encore à leur manque d’innovation. Ce n’est pas l’analyse que le chef de l’État a faite, peu de temps après son élection, lorsqu’il a créé le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).Un montage certes complexe, sous forme de remboursement d’impôt sur les sociétés, avec une montée en charge progressive sur trois ans. Mais, finalement, un abattement de 20 milliards d’euros s’inscrivant dans ce que les économistes appellent une politique de l’offre. Puis, en 2013, changement de méthode. Pour inciter les entreprises, les associations et le secteur public à recruter, le discours officiel vante les emplois d’avenir et les contrats de génération. Ça n’aura donc pas suffi.

Au-delà du rebond politique qu’il offre au chef de l’État, le Pacte de responsabilité proposé par François Hollande aux entreprises représente un sacré pari. Par son ampleur financière, tout d’abord, même si les 30 milliards d’euros de cotisations familiales actuellement payées par les employeurs qui seront supprimées d’ici à 2017 ne venaient pas obligatoirement s’ajouter aux allégements de charges du CICE. Par son ambition, ensuite, puisqu’il rebat les cartes du financement de la protection sociale. Et par la nature même de ce grand donnant-donnant entre l’État et les ­entreprises. Du jamais-vu en France.

On en mesure cependant les limites.Le président de la République attend des ­contreparties « précises, mesurables et vérifiables » en termes d’emplois, en ciblant prioritairement les jeunes et les seniors. Le risque est que, sur le terrain, en dépit des appels des organisations patronales à embaucher, les chefs d’entreprise se montrent davantage soucieux de restaurer leurs marges, tombées à un niveau historiquement bas en fin d’année dernière.Une autre difficulté consistera à trouver d’énormes gisements d’économies dans des dépenses publiques fortement contraintes. Le dernier écueil est d’ordre politique. À quelques semaines des élections municipales, l’effort affiché pour réduire la fiscalité des entreprises peut mécontenter les classes dites populaires et moyennes et se traduire dans les urnes.

Retrouvez la chronique de Sandrine Foulon « Ma vie au boulot » dans l’émission d’Alexandra Bensaid « On n’arrête pas l’éco », tous les samedis à 9 h 10, sur France Inter.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange