logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Actu

Une baisse des coûts salariaux crée-t-elle de l’emploi ?

Actu | L’éco du mois | publié le : 03.02.2014 | Sandrine Foulon

oui
Anne Saint-Martin Économiste à la division d’analyse et de politique de l’emploi de l’OCDE.

Les prélèvements directs sur les revenus du travail (cotisations sociales et impôts sur le revenu) sont très élevés en France et, de ce fait, susceptibles de peser sur l’emploi. Pour un salaire moyen, ils s’élèvent à 72 % du salaire brut pour un célibataire sans enfants, contre 43 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. À elles seules, les cotisations sociales patronales représentent 44 % du salaire brut, soit plus du double de la moyenne de l’OCDE (18 %).

Le constat n’est pas nouveau. Depuis vingt ans, différents dispositifs visant à réduire les cotisations sociales afin de favoriser la création d’emplois ont été mis en place. Étroitement ciblés sur les bas salaires, ils ont été efficaces et doivent être maintenus. Reste qu’avec 12 % de salariés au smic ces dispositifs coûtent cher. Dans le contexte budgétaire actuel, deux questions essentielles méritent également d’être soulevées : l’efficacité de la dépense sociale et la structure globale de son financement. De fait, les prélèvements sur les salaires sont la contrepartie de dépenses sociales très élevées dont le financement repose principalement sur les cotisations sociales. Ces dépenses reflètent un choix de société qu’il n’est pas question ici de remettre en cause.L’interrogation est alors : peut-on garantir le même niveau de protection sociale en dépensant moins ? Enfin, le rôle prépondérant des cotisations sociales implique que le financement de la protection sociale pèse de façon disproportionnée sur la population en emploi. Élargir la base de financement, en reportant une partie des cotisations sociales sur l’impôt sur le revenu ou la TVA, permettrait de réduire sensiblement les prélèvements sur les salaires.

non
Pierre Concialdi Économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales.

La baisse des coûts salariaux a deux effets immédiats non ambigus : elle accroît les profits et, en corollaire, déprime la demande, puisque les coûts salariaux ne sont que l’autre face des salaires, directs et indirects. Le second effet entraîne des conséquences négatives sur l’emploi. La question est de savoir si, à plus ou moins long terme, la hausse des profits pourrait compenser – et dans quelle mesure – ces effets négatifs, notamment par la baisse des prix que permet une baisse des coûts salariaux (effets de compétitivité-prix).

Dans les secteurs abrités (deux tiers des emplois), la baisse des prix peut redistribuer les parts de marché – et donc l’emploi – entre entreprises. Mais il est certain que des entreprises ne baisseront pas leurs prix, par exemple parce qu’elles disposent de forts avantages hors prix. D’où un bilan a priori globalement négatif en termes d’emploi et positif pour les profits.La logique est voisine pour les secteurs exposés à la concurrence internationale, même si la temporalité est différente.Car, dans les pays développés, la compétitivité ne repose pas principalement sur des avantages coût. Et les faibles gains de compétitivité prix risquent d’être temporaires dans l’attente d’une réaction des concurrents.

Il faut donc supposer des effets de substitution entre capital et travail particulièrement forts pour que la baisse des coûts salariaux ait un impact significatif sur l’emploi. Or des effets d’une telle ampleur n’ont jamais pu être mis en évidence. Dans la conjoncture actuelle, la baisse des coûts salariaux risque surtout d’attiser les tendances déflationnistes.

POUR EN SAVOIR PLUS

Les impôts sur les salaires 2013

www.oecd-ilibrary.org/fr/ taxation/les-impotssur- les-salaires- 2013_tax_wages-2013-fr

Impact des allégements de cotisations patronales des bas salaires sur l’emploi.

Éric Heyer et Mathieu Plane. www.ofce.sciencespo. fr/pdf/revue/5-126.pdf

Auteur

  • Sandrine Foulon