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Des territoires très inégaux

Actu | L’éco du mois | publié le : 03.02.2014 |

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En France, la répartition géographique des métiers relève aussi bien des spécialisations régionales que du rapport entre les métropoles et leur périphérie. D’après l’étude « Les métiers et leurs territoires » de l’Insee, les emplois de cadres sont concentrés à 61 % dans les grandes aires urbaines de plus de 500 000 habitants (à 35 % dans celle de Paris), et les ouvriers peu qualifiés, à 42 % dans les agglomérations de moins de 100 000 habitants.Quant aux régions, elles ont chacune leurs « métiers les plus spécifiques » (voir Repère) : en Alsace, ce sont les ouvriers non qualifiés de la mécanique et des industries de process. En Rhône-Alpes, ce sont les techniciens et agents de maîtrise des industries mécaniques ainsi que le personnel d’études et de recherche. Le profil des régions évolue lentement, mais certaines connaissent des dynamiques plus fortes que d’autres. Depuis 1999, les pertes d’emplois d’ouvriers industriels ont été (en évolution relative) « plus élevées dans le nord et l’est de la France, le bassin parisien, le Limousin, l’Auvergne et Rhône-Alpes ».

Pour sa part, le Conseil économique, social et environ­nemental (Cese) tire la sonnette d’alarme sur les « inégalités territoriales ». Dans son avis du 11 décembre 2013, il note que « la crise amplifie le chômage dans les territoires déjà en difficulté ». C’est le cas du Languedoc-Roussillon, où « la hausse du chômage a été forte ; cela tient à l’augmentation tendancielle de sa population active, nourrie par les migrations inter­régionales ». À l’inverse, « en Alsace, Auvergne, Bretagne ou en Ile-de-France, le taux de chômage était, avant la crise, plus modéré que la moyenne de la France métropolitaine (7,2 %) et il a aussi moins augmenté ». Le record de la hausse du chômage entre février 2012 et février 2013 est détenu par la Franche-Comté : + 15,1 %, contre + 10,6 % en moyenne en France métropolitaine. Par ailleurs, les habitants des espaces périphériques pâtissent du manque d’emplois. Et les jeunes du milieu rural connaissent « des périodes de chômage plus longues que les autres jeunes ».

Alain Roux

Des générations vraiment « sacrifiées » ?

Dans un pays où l’image de l’ascenseur social bloqué et le concept de déclassement suscitent un quasi-consensus, la vaste enquête menée par l’Insee sur les jeunes sortis du système scolaire entre 1982 et 2010 fait l’effet d’un joli pavé dans la mare. Au cours de ces deux décennies, rappellent ses auteurs, la France a connu quatre phases d’augmentation importante du chômage, correspondant à autant de « crises » : 1983-1986, 1993-1999, 2003-2006 et depuis 2008. Les jeunes arrivés sur le marché du travail à ces différentes périodes ont payé au prix fort la dégradation de la conjoncture. Entre 1992 et 1993, qui a marqué le début d’une crise de sept ans, comme entre 1999, année de la fin, et 2000, le taux de chômage des jeu­nes générations a varié, à la hausse en 1993, et à la baisse en 2000, de près de 5 points ! Pour autant, ces écarts de situation s’estompent au bout de quatre ans, conclut l’étude, tant en termes de taux d’emploi que de salaires. La forte hausse du taux de chômage observée est « sans effet stigmatisant durable pour la suite du processus d’insertion », note l’Insee. Quant au retour « à la normale » en matière de salaire, l’explication la plus plausible est que ces jeunes ont été recrutés au smic, qui ne baisse pas en période de mauvaise conjoncture. Reste à savoir si ces résultats observés entre 1982 et 2010 sont transposables à la crise en cours…

J.-P.C.