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Le journal des RH

La garantie jeunes, un outil en devenir

Le journal des RH | formation | publié le : 31.12.2013 | Valérie Grasset-Morel

La France tente le pari d’aider les moins de 25 ans en galère avec un nouveau dispositif proposant revenu et accompagnement.

SIVP, Paque, Trace, Civis…, depuis trente ans, la France multiplie les dispositifs destinés aux jeunes les plus précaires, sans emploi ni formation. La garantie jeunes, lancée par le gouvernement le 1er octobre, sera-t-elle plus efficace ? Aujourd’hui, 24,5 % des moins de 25 ans sont au chômage et plus d’une personne pauvre sur deux a moins de 30 ans. Dans le nouveau dispositif orchestré par les missions locales, le jeune s’engage à « s’investir pleinement » en acceptant stages, immersion en entreprises, expérience professionnelle, en échange d’une allocation de 433,75 euros par mois, à laquelle peut s’ajouter une aide au logement.

Dix territoires pilotes expérimentent la garantie jeunes, comme les Bouches-du-Rhône, la Réunion, la Seine-Saint-­Denis, ou encore le Finistère, l’Eure, les Vosges. D’ici à octobre prochain, 10 000 bénéficiaires devraient être concernés, 20 000 supplémentaires ensuite, et une généralisation de l’outil est prévue à partir de 2016. En vitesse de croisière, 100 000 jeunes environ devraient en bénéficier.

« La garantie jeunes est une des briques de la réponse française à la garantie européenne pour la jeunesse instaurée le 22 avril 2013 », précise le ministère du Travail qui, fin décembre, ne disposait pas de données sur le nombre de jeunes bénéficiaires. Les États membres doivent proposer aux moins de 25 ans, dans un délai de quatre mois suivant la perte de leur emploi ou la sortie de l’enseignement, « un emploi de qualité, une formation, un apprentissage ou un stage ». La France pourra ainsi obtenir des crédits européens qui s’ajouteront aux 30 millions d’euros prévus par la loi de finances 2014 pour la garantie jeunes. Des financements européens mis à disposition dès janvier 2014. Au total, d’ici à 2015, le Fonds social européen et la Banque européenne d’investissement devraient mobiliser 45 milliards d’euros.

Pour Serge Esteban, directeur de la mission locale de Carcassonne (Aude), ce dispositif se distingue des précédents par les « moyens conséquents accordés par l’État aux jeunes et aux missions locales » (1 600 euros par an et par jeune, contre 200 euros pour les autres dispositifs). Il se caractérise aussi par les synergies entre les acteurs au contact des jeunes : protection judiciaire de la jeunesse, Pôle emploi, centres d’action sociale, conseil général… Aux yeux des missions locales, si le jeune n’a pas d’addiction, accepte de s’intégrer à un groupe et d’être suivi par un conseiller, la remise sur pied peut aller très vite. C’est le cas pour Brice, 19 ans, et Johan, 20 ans, deux décrocheurs d’un CAP de couvreur et d’un BEP de logistique, qui vivaient depuis plusieurs mois dans une voiture, sans ressources. « En six semaines, nous sommes parvenus à les remotiver pour qu’ils obtiennent par eux-mêmes leur carte de Sécurité sociale et un logement. » Tous deux font leurs premiers pas en entreprise : l’un dans le cadre d’une période en milieu professionnel, l’autre en intérim.

Auteur

  • Valérie Grasset-Morel