Le plaidoyer pour l’emploi de Michel Godet commence par un cri de désespoir devant l’état de la France. Un pays qui ne se réforme pas et se raconte des histoires sur sa santé réelle. Une nation qui n’a plus de gouvernement sinon « le gouvernement du peuple par les fonctionnaires, et pour les fonctionnaires ». Un corps social qui a perdu le goût du travail à force de se droguer aux « 35 heures ». Même l’accord national interprofessionnel sur l’emploi conclu au début de l’année ne trouve pas grâce à ses yeux. L’auteur y voit plus un accord de « flexirigidité » que de flexisécurité. Son ouvrage repart à la bataille sur le front du chômage en abordant trois questions : le constat des exceptions françaises sur l’emploi qui ont la vie dure, pas toujours pour des bonnes raisons ; le diagnostic sociétal sur les verrous et les tabous ayant conduit à une telle situation ; enfin, la question de savoir si l’on reviendra un jour à un taux de chômage inférieur à 5 %. Avec sa fougue habituelle, Godet refuse de se résigner. Les solutions qu’il avance appartiennent au catalogue du parfait économiste orthodoxe : ample réduction des dépenses publiques, réforme de l’indemnisation du chômage pour la rendre plus courte et moins généreuse, passage du salaire mi­nimum au revenu minimum.

La dernière partie porte sur les retraites. Faute d’une refonte globale du système en privilégiant un régime à points à la répartition actuelle, l’essayiste annonce une paupérisation massive des retraités. Le livre se termine malgré tout sur une déclaration de foi en l’avenir, sans toutefois avoir donné beaucoup de clés sur ce que l’on pourrait encore « essayer » de neuf pour redonner confiance aux Français en matière d’emploi.

Libérez l’emploi pour sauver les retraites, Michel Godet. Éditions Odile Jacob. 336 pages, 22 euros.